Chapitre 71

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Il le frappa, encore et encore. Le cuir cinglait sa chair et la meurtrissait, le faisant hurler de douleur. Il serrait les dents, serrait les poings. Mais sa carapace n'était pas suffisamment solide pour le protéger des coups.

-Je t'avais prévenu !hurlait-il. Je t'avais dit ce qui arriverait ! Tu n'as que ce que tu mérites !

Oui. Evidemment. Il le savait. Mais il n'avait plus envie de se montrer faible face à lui.

A son grand soulagement, les coups étaient cette fois-ci restés localisés sur son dos. Ainsi, il n'aurait pas à les afficher au vu de tout le monde.

Il ne sut jamais comment il trouva la force de se redresser. Mais il était là, debout face à lui et il le fixait sans ciller.

-Baisse les yeux ! Baisse les yeux !

Il continuait de le regarder. Un regard farouche, celui d'un étalon blessé qui se bat pour sa liberté.

-Frappe-moi tant que tu veux. Continue de me battre, tue-moi si ça te chante. Je ne te cèderai plus. J'en ai assez d'être la victime. Assez de n'être qu'un jouet entre tes mains. Alors, vas-y, tue-moi.

Ceinture contre volonté. A présent, ils avaient tous les deux une arme. Ils étaient à égalité.

-Tue-moi, continua-t-il. Qu'attends-tu encore ?

Il le vit serrer les dents, jeter la ceinture en poussant un cri de rage et partir à grandes enjambées.

La volonté avait gagné.

-Je suis fière de toi.

Clara. Il lui sourit et elle le prit dans ses bras. Il la serra contre lui. Fort.

-Merci, souffla-t-il.

-Viens, je vais te soigner.

Il la suivit jusqu'à la salle de bains et la laissa panser les plaies de son corps et de son cœur. Avec douceur et tendresse.

-Tu ne vas pas quitter Erwan, n'est-ce pas ?devina-t-elle.

-Non. Même si je le voulais, je ne pourrais pas. Il m'est devenu trop cher pour que je m'éloigne de lui.

-Et j'en suis heureuse. Seulement...tu sais comment tout cela risque de se terminer.

Il baissa les yeux.

-Oui, je sais. Mais je suis prêt à prendre le risque.

Lorsqu'il la regarda à nouveau, il vit qu'elle souriait. Seulement, il s'agissait d'un sourire triste qui lui fendit le cœur.

-J'espère que tu t'en sortiras, murmura-t-elle.

Il sentit son estomac se nouer.

-J'y arriverai, la rassura-t-il.

Il n'avait plus le choix.

-Ne crois-tu pas que ça a assez duré ? Jusqu'où comptes-tu aller ?

-Non. Ça ne durera jamais assez avec lui. Je te l'ai dit, il est différent des autres. Il est même différent de toi.

-Tu dis des absurdités. Il n'est pas différent de moi ni même des autres. Moi aussi, j'ai été aveugle. Mais ça, tu l'as oublié, n'est-ce pas ? Tu as oublié à quel point la vérité fait mal. Sois franc, combien de temps vous reste-t-il avant que tu ne craques ? Combien, T ?

-Il me reste tout le temps que je veux. Je ne craquerai pas. Pas avec lui.

SéductionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant