Chapitre 39

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Erwan lisait et relisait le message, incapable d'y croire.

Quitte-le, Erwan. Il va te détruire comme il a détruit tous les autres. Quitte-le avant qu'il ne soit trop tard.

En tremblant, il tendit son portable à T. Il le vit lire, puis relever les yeux vers lui.

-Tu vas le faire ?

Erwan soutint son regard.

-Non.

Il disait la vérité. Il n'allait pas obéir à Thibault. Il n'allait pas le quitter. Il ne pouvait pas. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Mais il voulait comprendre. Comprendre pourquoi Thibault insistait tellement pour qu'il le quitte. Et pourquoi il lui parlait toujours de destruction.

-Si j'avais voulu te détruire, je l'aurais déjà fait, non ?

Erwan déglutit péniblement.

-C'est ce que je tentais de me dire.

-Tentais, répéta tristement T.

Erwan ne répondit pas.

-Tu le crois...

-Non !

-Si...Si, tu le crois...

Erwan lui prit la main et la serra.

-Si je le croyais, je t'aurais déjà quitté. Or, je n'ai absolument pas l'intention de partir.

Il sentit T le prendre dans ses bras en soupirant. Il le serra contre lui, le cœur et l'esprit remplis de contradictions. Que penser ? Que croire ? Et surtout qui croire ? Il était perdu. Complètement perdu. Une fois de plus, l'obscurité se refermait sur lui. Et il ne savait que faire pour revoir la lumière.

Plus le temps passait, moins il comprenait. Les gens se contentaient de suggérer, sans jamais rien préciser. Ils lui suggéraient que T était dangereux, ils lui suggéraient qu'il allait lui faire du mal, ils lui suggéraient de le quitter...Or, la suggestion ne lui suffisait plus. Il en avait assez de n'avoir que des indices, il voulait des preuves. Il ne voulait plus de la suggestion, il voulait une affirmation. Tant que personne ne lui prouverait clairement que T était dangereux, il resterait avec lui.

Un portable sonna. Celui de T. Ils s'écartèrent doucement l'un de l'autre pour qu'il puisse prendre son téléphone. Mais Erwan vit soudain son visage se décomposer.

Que se passe-t-il encore ?

De qui pouvait-il s'agir ? De Loris ? De Thibault ?

Non, réalisa-t-il soudain. S'il s'était agi de Loris ou Thibault, T n'aurait pas eu cette expression.

La sonnerie continuait de retentir, pareille à celle du jugement dernier. Erwan regardait T qui était visiblement dans l'incapacité de faire le moindre geste. Il avait l'impression que son ami s'était pétrifié. Il eut envie de le secouer pour le faire réagir, mais il n'osa pas.

Ça sonnait. Sonnait. Sonnait. Et sonnait encore. T ne bougeait toujours pas. Son regard était fixé sur son portable.

-T...

T demeura muet.

-T...

Pas de réponse. Erwan sentait son angoisse grandir à chaque seconde qui passait.

-T, je t'en prie, réponds...

Aucune réaction. Son cœur se mit à battre plus fort.

Et soudain, la sonnerie cessa. Erwan ne put s'empêcher de pousser un profond soupir et il vit T se détendre légèrement. Son ami posa son téléphone sur la table. Erwan le vit fermer les yeux et soupirer à son tour.

-Loris ?tenta-t-il.

Il vit T secouer la tête.

-Thibault ?

Nouvelle dénégation.

-Quelqu'un que je connais ?

Non plus.

Erwan haussa les épaules. Il commençait à s'habituer au mystère...

Il allait se rapprocher de T lorsque la sonnerie retentit à nouveau.


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