Chapitre 5

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Erwan prit une profonde inspiration et frappa à la porte. Quelques secondes plus tard, celle-ci s'ouvrit et il fit face à T.

-Salut Erwan. Entre.

Incapable de prononcer le moindre mot, Erwan s'exécuta.

Les studios du Pôle Hébergement de Dijon étaient tous identiques : à droite, tout de suite en entrant, se trouvait un placard ; le lit se trouvait dans le prolongement, avec une étagère au-dessus ; au bout du lit, un bureau ; la salle de bains était en face du lit, avec, à gauche, des porte-manteaux, et à droite, un grand placard muni d'une porte en miroir. La cuisine se trouvait dans un renfoncement.

-Assieds-toi. Veux-tu boire quelque chose ?

-Un verre d'eau, merci.

Abasourdi, Erwan s'assit sur le lit et prit le verre que lui tendait T. Il le vit s'asseoir au bureau.

-As-tu des questions ?

A ces mots, Erwan faillit s'étouffer. S'il avait des questions ? Evidemment qu'il avait des questions ! Des milliers de questions ! Mais il y en avait tant qu'il ne savait par où commencer.

-Je suppose que je ne peux pas te demander ton prénom...

Il vit T lui sourire.

-En effet, cela fait partie des questions auxquelles je ne répondrai pas. Question suivante.

Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Erwan lui rendit son sourire - il faut dire que c'était également la première fois que T lui souriait...

-Bien.

Il se mordilla la lèvre, hésitant.

-Pourquoi me parles-tu, alors que tu m'évitais jusqu'à présent ?finit-il par demander.

Les yeux noirs de T l'enveloppèrent, il frissonna.

-Parce que j'en ai assez de jouer le rôle du méchant.

Il y eut un silence.

-Il y a des choses sur moi que tu ne sais pas, Erwan, reprit-il, et qu'il vaut peut-être mieux que tu ne découvres jamais. Mais j'en ai marre de jouer un rôle qui ne me convient pas.

-Ces choses dont tu parles...Aurai-je le droit de les savoir un jour ?

-Non.

La réponse était sans appel. Erwan déglutit péniblement.

-Le numéro inconnu qui me contacte...Est-ce toi ?

Il vit T froncer les sourcils.

-Non. De quoi parles-tu ?

Erwan hésita.

-Dis-moi, Erwan.

Le jeune homme ne put s'empêcher de frissonner. T avait sur lui un pouvoir qui le bouleversait. Et l'angoissait.

-Depuis plusieurs jours, un numéro inconnu m'appelle, parfois en pleine nuit, avoua-t-il.

-Le numéro s'affiche-t-il ?

Erwan secoua la tête.

-Non. L'écran affiche "Inconnu". J'avais pensé que c'était toi, mais tu n'as pas mon numéro...

-Je te promets que ce n'est pas moi. Il y a une différence entre énigmatique et pervers.

A ces mots, Erwan baissa la tête, honteux.

-Tu as pensé que je l'étais, n'est-ce pas ?demanda doucement T.

-Oui.

-C'est normal. Vu ma réaction, la tienne est justifiée.

Erwan hocha la tête.

-Vois-tu de qui il peut s'agir ?reprit T.

-Non, je n'en ai pas la moindre idée. J'étais sûr que c'était toi.

-Et me crois-tu quand je te dis que ce n'est pas moi ?

Le jeune homme poussa un profond soupir.

-Je ne sais pas, avoua-t-il. Je ne sais plus que croire, te concernant.

Il sentit la main de T se poser sur la sienne. Il sursauta et la retira brusquement. Il vit T détourner les yeux en rougissant.

-Pardonne-moi. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

-Es-tu...

Erwan n'osa pas terminer sa phrase.

-Oui, lui répondit T, signe qu'il avait compris sa question inachevée.

-Je ne le suis pas, murmura Erwan.

Du moins, je ne crois pas l'être...

-Je...Je vais y aller, balbutia-t-il.

Au moment où il posait la main sur la poignée, il entendit la voix de T le rappeler. Il se retourna.

-Quoi que Thibault t'ait dit sur moi, ne le crois pas.


SéductionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant