Les mots de Loris flottaient dans l'air comme des pétales empoisonnés. Tout le monde s'était figé. Thibault fixait ses pieds. Loris continuait de sourire.
Et T...
Si ses yeux avaient été des balles, Loris serait mort depuis longtemps.
-Tu ferais mieux de ne pas parler de cela maintenant.
Erwan vit le sourire de Loris s'élargir.
-Bien sûr que si, au contraire. C'est le moment idéal. Mais ce n'est pas à moi de l'annoncer.
Il y eut un silence. Tous les regards étaient rivés sur Loris et T. La tension était à son comble.
-Pourquoi ne lui dis-tu pas la vérité, T ? Il a suffisamment attendu.
A ces mots, Erwan frémit et le regarda. Le grand moment arrivait enfin et il n'était plus si sûr de vouloir comprendre.
-Quelle vérité ?demanda-t-il tout de même.
-Ah, jubila son rival. Tu vois ? Il veut savoir.
Erwan vit T serrer les dents sans quitter Loris du regard.
-Tais-toi si tu tiens à la vie, le menaça-t-il.
-Non. J'en ai assez de me taire. Il doit savoir.
-Savoir quoi ?s'exclama Erwan.
Il avait l'impression que son crâne allait exploser. De quoi parlaient-ils, à la fin ?
Autour d'eux, les étudiants les regardaient, aussi immobiles que des statues. Pas un ne bougeait. Pas un ne parlait. Ils étaient comme pétrifiés.
-Tu te venges par jalousie, répliqua T entre ses dents. Et pour le simple plaisir de détruire Erwan. Mais tu n'y arriveras pas.
-Je ne veux pas le détruire. Je veux seulement qu'il sache à qui il a affaire.
A mesure que le sourire de Loris s'élargissait, le visage de T s'assombrissait.
-Pour lui, tu n'étais qu'un pion, Erwan. Comme tous ceux qui t'ont précédé. Ce n'était pas de l'amour, c'était un jeu de séduction. Et il y avait une règle très précise : il était censé te quitter fin octobre. Au bout de deux mois.