Chapitre 55

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Ce matin-là, Erwan prévint Thibault qu'il n'irait pas en cours avec lui : T allait beaucoup mieux et pouvait enfin réintégrer l'université.

Désormais, les élèves s'écartaient sur leur passage - T imposait le respect...Erwan savait qu'il intimidait, non seulement par sa violence, mais également par l'ombre qui l'entourait. Il était anonyme, inconnu, mystérieux. Autant d'adjectifs qui expliquaient cette peur. Erwan avait été le premier à en faire les frais. Et il ressentait encore parfois, alors qu'il était son petit ami depuis exactement dix-huit jours, ce sentiment d'insécurité auprès de lui. T avait beau le protéger, il restait énigmatique et distant. Il ne savait pas toujours comment réagir face à lui. Il aurait aimé en savoir davantage et il n'y parvenait pas.

Il a menacé tous ceux qui ont fait des recherches.

Il y a des choses sur moi que tu ne sais pas, Erwan, et qu'il vaut peut-être mieux que tu ne découvres jamais.

La dernière fois...il s'est montré violent envers moi.

Je crois que tu ne pourras jamais savoir qui est réellement T...

Il a fait des choses absolument horribles.

Vous ne savez pas tout sur lui.

Je crains qu'il ne soit mauvais pour vous.

Vous feriez mieux de vous tenir loin de lui.

Tous les propos allaient dans le même sens. Fallait-il qu'il les écoute ? Il soupira : comment aurait-il pu les écouter ? La dernière fois qu'il avait quitté T, cela avait failli mal se terminer. Mais si T était réellement dangereux...

Il secoua la tête. Non. Non, il ne pouvait pas être dangereux. Erwan était certain qu'il n'était pas le monstre que tout le monde s'imaginait.

Pourtant, à mesure qu'il avançait vers sa salle de classe, il voyait les élèves s'écarter sur leur passage en fusillant T du regard. Le dégoût et la pitié se lisaient dans leurs yeux. Erwan sentit la colère affluer, mais il la contint. Elle ne ferait que lui attirer des problèmes.

Il sentit T lui prendre la main. Le dégoût s'intensifia dans les regards. Erwan serra les dents pour ne pas exploser. Pourquoi une telle haine envers T ? Il ne comprenait pas.

Les commentaires fusaient.

-Il a réussi à le reprendre.

-Je ne parviens pas à croire qu'ils soient à nouveau ensemble.

-Moi non plus. Je pensais que c'était fini et que ça irait mieux.

Il vit une fille hausser les épaules.

-De toute façon, il n'y en a plus pour très longtemps...

-Oui. Dans peu de temps, tout sera terminé.

-J'espère que T souffrira.

-Il n'aurait que ce qu'il mérite.

-Mais Erwan n'a-t-il pas conscience du danger qu'il court ?

-On dit que l'amour rend aveugle, mais là, ce n'est pas de la cécité, c'est de la soumission.

Un garçon soupira.

-J'espère qu'il s'en remettra et qu'il trouvera quelqu'un qui lui correspond mieux...

-Je l'espère aussi. Je ne voudrais pas que tout cela le brise définitivement.

Erwan tenta de ne pas écouter. En vain. Les voix résonnaient à ses oreilles et il lui était impossible de les ignorer. Sa main se resserra sur celle de T.

-Quand je pense qu'il a osé le convaincre de revenir avec lui, ça me dégoûte.

-Il va le détruire. Il va le détruire et ce sera terrible.

-Peut-être qu'Erwan parviendra alors à comprendre ce dont il est capable...

Arrête de les écouter ! Il eut envie de se boucher les oreilles. Mais il n'en fit rien. Il resta droit et fier, les défiant du regard. Il devait être au-dessus de ça. Il devait se montrer plus fort qu'eux.


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