Chapitre 41

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-Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu dit cela ? Pourquoi ne cesses-tu de me mettre en garde sans jamais rien m'expliquer ?

-Parce que je suis ton ami. Je ne veux que ton bien.

-Alors, explique-moi !s'exclama Erwan. Si tu es mon ami, fais-moi confiance et dis-moi ce qu'il en est réellement !

-Je ne peux pas, Erwan.

La gifle partit sans qu'Erwan n'ait pu retenir son geste. Il vit Thibault le regarder, visiblement surpris.

-J'en ai marre, déclara-t-il. J'en ai marre de tout ce mystère. Marre de tous ces secrets qui me concernent sans que je ne sache rien. Marre de ne jamais comprendre ce qui se passe.

-Erwan...

-Tais-toi. Tais-toi avant que je ne craque vraiment. Je suis fatigué, comprends-tu ? Je sors avec un garçon maltraité dont je ne connais même pas le nom et je reçois des menaces et des mises en garde qui n'ont aucun sens. Alors, excuse-moi si je ne suis pas d'humeur à entendre tes justifications.

Il allait partir lorsqu'il sentit les doigts de Thibault se refermer sur son poignet.

-Erwan, écoute-moi.

Erwan serra les dents.

-Lâche-moi.

-Erwan...

Il se dégagea brusquement, repoussa Thibault qui laissa échapper un cri et s'éloigna de lui. Il rejoignit sa salle de classe en respirant pour tenter d'apaiser sa colère.

-Alors, comment va ton cher T ?

Pourquoi ne me laissent-ils pas en paix ?

Il se retourna.

-Il va très bien, répliqua-t-il sèchement. Il revient bientôt en cours. Si tu me touches, tu sais ce que tu risques.

Il tourna le dos à un Loris surpris et rejoignit sa salle de classe.

Il ne parvint à se concentrer sur aucun cours. Il n'avait encore jamais été aussi énervé de toute sa vie. Mais le mystère, les menaces et les mises en garde le fatiguaient. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Pourquoi n'avait-il pas droit à une vie simple, un amour simple, des amis simples ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ?

Le soir, il rentra en claquant la porte derrière lui.

-Erwan ?

Il passa devant T sans avoir le courage de le regarder, alla s'enfermer dans les sanitaires et s'adossa à la porte en tremblant. Il enfouit son visage dans ses mains et resta immobile, tentant de reprendre son souffle.

-Erwan !

Il ne répondit pas. Il ne pouvait pas répondre. Il avait besoin d'être seul - il en avait toujours besoin lorsqu'il était énervé. Sa solitude restait sa meilleure amie.

Il ne savait pas s'il regrettait ou non de s'être disputé avec Thibault. Il le regrettait, parce qu'il était son seul ami. Mais il ne le regrettait pas , parce qu'il avait enfin réussi à se défendre et à tenir tête à quelqu'un. Pour la première fois de toute sa vie, il avait su se montrer fort.

-Erwan !

Le cri de T le fit frémir. Il poussa un profond soupir, se redressa et sortit. Il vint s'asseoir au bord de son lit, sentit le bras de son ami enlacer sa taille.

-Dis-moi ce qui ne va pas.

-Rien. Tout va bien.

-Et arrête de me mentir.

Erwan ne put s'empêcher de rire, malgré sa colère.

-J'ai giflé Thibault.

Il vit T écarquiller les yeux.

-Tu as...quoi ?

-J'ai giflé Thibault, répéta Erwan.

-Puis-je savoir la raison d'une telle impulsion ? Ce n'est pas ton genre de gifler les gens.

Erwan baissa les yeux.

-Il ne cesse de me mettre en garde contre toi sans jamais rien me préciser.

Il s'allongea près de T, ses bras toujours autour de lui.

-Je suis désolé, murmura son ami.


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