-Alors ?demanda Erwan lorsqu'il fut seul avec Thibault. Quelle était ta preuve ?
Il vit son ami sortir son téléphone et se rapprocher de lui.
-Regarde.
Erwan regarda. Et il les vit. Des dizaines de messages. Qui disaient à peu près tous la même chose.
Il est parti sans un mot d'explication au bout de seulement deux mois. Je ne comprends pas et je me sens mal...
Il est parti...Il m'a quitté...Notre amour a tenu deux mois...
Deux mois de bonheur avant que tout ne s'écroule...
Il a paniqué et il est parti sans même un mot d'adieu.
Jamais je n'ai connu relation si courte ni séparation plus douloureuse.
Et tant d'autres...Erwan sentit sa gorge se serrer. Il releva les yeux vers Thibault.
-Comprends-tu à présent pourquoi je te mettais en garde ? Il a quitté tous ces garçons au bout de deux mois sans jamais rien leur expliquer, Erwan. Deux mois. Ce qui signifie qu'il ne te reste plus que deux semaines avant que ton tour n'arrive.
Erwan secoua la tête.
-Non...Non, tu mens...Ils mentent...C'est impossible...
-Ils ne peuvent pas tous mentir. Crois-moi, il le fera.
-Non !s'exclama Erwan. Non, il ne le fera pas ! Tu mens !
-Erwan...
Il refusait d'en entendre davantage. Il partit en courant, ignorant les appels de Thibault et de T. Il courut, encore et encore, quittant l'université sans plus rien voir autour de lui.
-Erwan !
Le hurlement de T le fit sursauter, mais il n'en tint pas compte. Il entendit un crissement de freins et une masse se jeta soudain sur lui, le projetant au sol et le faisant rouler loin de la voiture qui arrivait.
Il resta immobile, tremblant et haletant. Il sentit T se relever et le prendre par le bras pour l'aider à se redresser, avant de le serrer contre lui. Il était sous le choc, incapable de réagir.
J'ai failli mourir, fut la première pensée qui lui vint à l'esprit. T m'a sauvé, fut la seconde.
Il ne parvenait toujours pas à prononcer le moindre mot. Il sentit les mains de T lui effleurer le visage.
-Dis quelque chose, je t'en supplie.
Silence.
-Erwan...
Au lieu de répondre, il enfouit son visage dans le cou de T. Il tremblait de plus en plus.
Il ne sut jamais comment T parvint à le porter jusqu'à la résidence, puis jusqu'au studio 107. Il le sentit l'allonger sur son lit sans parvenir à se redresser - Erwan refusait de le lâcher. Alors, il s'allongea près de lui.
-Parle-moi, l'implora T.
Erwan posa son front contre le torse de son ami.
-Il...Il...
Les mots restaient coincés dans sa gorge. La main de T le massa doucement.
-Tu les as quittés au bout de deux mois, murmura-t-il finalement.
Il sentit le massage de T s'interrompre aussitôt.
-Qui t'a dit ça ?
Erwan ferma les yeux et inspira profondément.
-Thibault. Il...Il m'a montré tous ses messages.
-Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu le saches ainsi.
-Pourquoi ?demanda Erwan. Pourquoi les as-tu quittés ?
-Tu le sais déjà, lui dit doucement T.
-Je suis sûr qu'il y a une autre raison.
-Non, Erwan, je t'assure qu'il n'y en a pas d'autre.
-Et tu ne vas pas me quitter comme tu les as quittés eux ?
Le baiser de T vint chasser ses craintes.
-Non. Cesse de douter de moi.