Erwan était soulagé que Thibault se soit chargé de faire la révélation à sa place. Il ne savait pas s'il aurait eu le courage de le dire directement à T. Le voir souffrir était déjà suffisamment pénible.
Son portable vibra. Inconnu. Erwan leva les yeux au ciel.
Ça faisait longtemps...
Il décrocha.
-Allô ?
Pas de réponse.
-Allô ?
Silence. Les doigts d'Erwan se crispèrent sur son téléphone.
-Ecoute-moi bien, déclara-t-il. Je sais qui tu es. Je sais que tu fais ça pour te venger de lui. Mais ton plan ne marchera pas. Alors, tu vas nous laisser tranquilles une bonne fois pour toutes.
-Tu sais qui je suis, vraiment ?
Erwan leva les yeux au ciel.
-Tu es Loris, son ex-petit ami. Et tu fais ça pour me faire peur. Pour qu'il te reprenne. Mais ça ne marchera pas.
-Ne me juge pas trop vite, Erwan. Tu risques de connaître ma situation plus tôt que tu ne le penses.
-Ça m'étonnerait, ricana Erwan.
-Tu ne le connais pas, répliqua sèchement Loris. Tu ne sais pas de quoi il est capable. Il te jettera plus vite que tu ne le crois.
-Tu dis des absurdités. Il m'aime, il ne m'abandonnera pas. Il m'aime, et pas toi. C'est comme ça. Il va falloir que tu l'acceptes.
Sur ces mots, il raccrocha. Il en avait plus qu'assez de subir les foudres d'un ex-petit ami.
Tu me manques.
Message de T. Erwan sourit.
Tu me manques aussi, répondit-il.
Il espérait que T irait bientôt mieux. Il n'osa pas lui parler de l'appel de Loris : T avait déjà suffisamment de choses à gérer. Son message lui prouvait néanmoins que Loris se trompait. T tenait à lui et leur histoire ne s'arrêterait pas.
Son portable bipa à nouveau. Un message d'un numéro qu'il ne connaissait pas.
Salut Erwan, c'est Thibault. Un Subway, ce soir, ça te tente ?
Erwan sourit : voilà un projet qui lui changerait les idées.
Oui, merci beaucoup !
Parfait. Je passe te prendre à 19 h. Quelle résidence ?
Saint-Bernard.
Le sourire d'Erwan s'élargit lorsqu'il tapa sa réponse : il ne parvenait toujours pas à s'habituer à ce nom...
Merci. A tout à l'heure !
A dix-neuf heures, comme convenu, Erwan vit Thibault descendre d'une voiture noire garée devant sa résidence. Il prit ses affaires - sa veste et sa sacoche contenant ses clefs, son portable et son portefeuille - et descendit rejoindre son ami.
-J'ai vu T, dit-il sans préambule une fois dans la voiture.
-Comment va-t-il ?
-Doucement, avoua Erwan. Il m'a dit ce qui s'était passé. Je crois que j'ai eu encore plus mal que lui.
Il y eut un silence.
-Il me manque, soupira-t-il finalement.
-Il reviendra bientôt, ne t'inquiète pas.
Erwan savait que Thibault ne lui disait cela que pour le rassurer. En réalité, personne n'était sûr de rien.
Et s'il ne s'en remettait jamais ?
Ou s'il s'en remettait, mais que les coups recommençaient ?
-Détends-toi, Erwan. Il ira mieux, j'en suis sûr.
-Pourquoi me dis-tu cela, Thibault ? Tu n'en sais rien. Je n'en sais rien. Personne n'en sait rien.
Ne craque pas, Erwan, surtout, ne craque pas...
-Tu n'as pas été capable de me croire, n'est-ce pas ?
-De quoi parles-tu ?demanda Erwan, perplexe.
-De T. Je t'avais dit qu'il était dangereux.
-C'est Loris qui est dangereux, pas T.
-Je sais. Mais je crois que tu ne pourras jamais savoir qui est réellement T...