Chapitre 18

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T était dans un état lamentable. Erwan savait qu'il était battu, mais là, cela dépassait l'entendement. Il faillit détourner les yeux tant cette vision lui était insupportable.

Les raies rouges sur les bras de T s'étaient multipliées. Elles étaient tellement nombreuses qu'Erwan ne parvenait pas à les distinguer les unes des autres.

Il eut envie de courir vers lui, mais il n'en fit rien. Il resta immobile, figé d'horreur, le regard ancré dans celui de T. Il ne sut jamais combien de temps ils demeurèrent ainsi à se fixer.

Le charme - si on pouvait appeler cela un charme - fut finalement rompu par la voix de Thibault.

-Erwan ?

Erwan cligna des yeux et se tourna vers lui.

-Oui ?

-Pourquoi ne vas-tu pas le voir ?

Erwan haussa les épaules.

-Nous ne sommes plus amis. Il n'a plus besoin de moi.

-Il n'a plus de famille, Erwan.

-Je sais.

-Tu dis qu'il n'a plus besoin de toi, mais je n'en suis pas aussi sûr que toi...

Erwan secoua la tête.

-Si. C'est fini avant même d'avoir commencé.

-Là, c'est différent. Il souffre. Il a besoin de toi.

Erwan le regarda, surpris.

-Tu m'avais dit de me méfier de lui...

-Et je te le conseille encore. Mais tu es son seul ami.

-Je sais, grimaça Erwan. Mais je ne peux pas revenir vers lui après ce que je lui ai dit.

Il vit finalement Thibault hocher la tête.

-Si je reviens vers lui, Loris me le fera payer. Et j'ai peur de lui.

-Je comprends, lui dit doucement Thibault.

Erwan poussa un profond soupir.

-J'aimerais tellement ne pas être aussi impuissant face à ce qui lui arrive...

-Nous le sommes tous. Personne n'a de pouvoir face à la violence. Je sais de quoi je parle.

Erwan frémit.

La dernière fois...il s'est montré violent envers moi.

-Cela a-t-il été vraiment terrible ?demanda-t-il.

-Pas autant que ce qu'il subit lui, répondit Thibault. Mais j'en garde tout de même un très mauvais souvenir.

Erwan l'entendit soupirer à son tour.

-Allez, viens. Je t'offre un verre pour oublier tout cela. Tu en as besoin.

-Ce n'est pas la peine, je t'assure, protesta Erwan.

-Ça me fait plaisir, Erwan. S'il-te-plaît.

Il est dangereux, Erwan.

Erwan chassa la voix de T de son esprit et sourit.

-D'accord, merci.

Installés à une table ensoleillée, ils sirotèrent leur boisson. Erwan tentait vainement de chasser les pensées qui obscurcissaient son esprit.

-Tu l'aimes, Erwan ?

Erwan cligna des yeux.

-Pardon ?

-Est-ce que tu l'aimes ?

-Pourquoi cette question ?

-Parce que je ne l'ai jamais vu aimer quelqu'un à ce point. Je n'ai jamais vu ses yeux briller autant que lorsqu'il est avec toi. Jamais.

Erwan le regarda, bouche-bée.

-Je ne m'attendais pas à ce que tu me dises ça.

-Alors ?

Erwan se mordit la lèvre.

-Oui, souffla-t-il finalement. Je crois que oui.

-Tu crois...

Erwan repensa à tous les moments qu'il avait vécus avec T.

Sa volonté que T reste avec lui la nuit.

Le frisson qu'il avait eu lorsque T l'avait massé.

Leur étreinte quand il avait découvert son état.

Sa douleur qui ne diminuait pas depuis qu'ils n'étaient plus amis.

-Oui, je l'aime, souffla-t-il.


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