Battu par son beau-père.
Interné en asile pendant dix ans.
La noirceur continuait, mais plus du côté de T. Cette fois-ci, elle recouvrait Doyen. Erwan avait presque envie de le plaindre. Presque. Jamais il n'aurait imaginé que Doyen pût éprouver de la souffrance. T venait de lui démontrer le contraire.
Son portable vibra. Lorsqu'il vit qui lui avait envoyé un message, il faillit ne pas le lire. Sa prudence se battait contre sa curiosité. Mais comme toujours, la seconde remporta la lutte.
Loris : Plus que neuf jours, Erwan...
Il leva les yeux au ciel. Il avait l'impression que tous les gens qu'il connaissait - exceptée Clara - étaient les bourreaux de quelqu'un. Doyen était celui de T. T était celui de Loris et Thibault. Et Loris était le sien. C'était un travail à la chaîne, motivé par le secret.
Erwan : Cesse de me dire qu'il va me quitter, tu sais très bien que c'est faux.
La réponse fut instantanée.
Loris : Nous en reparlerons quand les neuf jours se seront écoulés.
Erwan serra les dents.
Erwan : Arrête de prendre tes désirs pour des réalités.
Il en avait plus qu'assez de sa jalousie et de ses menaces.
-Loris ?devina T.
-Oui, soupira Erwan.
-Il te met encore en garde contre moi...
Erwan grimaça.
-Pas exactement.
Le regard de T devint curieux.
-Dans ce cas, que dit-il ?
-Qu'il ne me reste plus que neuf jours.
-Neuf jours pour quoi ?
-Neuf jours avant notre séparation.
Il vit T lever les yeux au ciel à son tour.
-N'en a-t-il pas assez de te répéter la même chose pour t'inquiéter inutilement ?
-Non, au contraire, répondit Erwan. Il s'en délecte. C'est une vengeance, T. Il me fait payer votre rupture.
-Mes mises en garde se sont donc avérées inefficaces...
Erwan haussa les épaules.
-Désormais, ça ne me touche plus. Je me fiche de ce qu'il pense.
Il décida d'envoyer un message à Thibault.
Erwan : Vas-tu cesser de me harceler avec tes histoires de rupture ?
Thibault : Oui. Je n'ai pas le choix. Tu es mon ami, Erwan, et je ne veux pas te perdre.
Erwan : Parfait. Dans ce cas, tout va bien.
Il n'avait pas pu s'empêcher de mettre les choses au point. Il tenait à Thibault et il ne voulait pas voir leur amitié entachée par de stupides interrogations.
Il releva les yeux vers T.
-Que veux-tu faire, ce soir ?lui demanda celui-ci.
-Ce que tu veux. Quelque chose qui détend.
Il vit son ami lui sourire.
-J'ai peut-être une idée...
Erwan écarquilla les yeux : à quoi songeait-il ? Il entendit T éclater de rire en voyant son air paniqué.
-Ne t'inquiète pas, tout ira bien ! Viens avec moi.
Il prit la main que lui tendait son ami et le suivit...jusqu'au lit. Mon dieu, qu'allait-il lui faire ?
Il n'est pas pervers, Erwan ! Détends-toi !
La porte se referma derrière eux et il vit T se rapprocher doucement de lui. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite.
Toujours dans la plus grande douceur, les doigts de T lui retirèrent son tee-shirt.
-Allonge-toi. Sur le ventre.
La gorge sèche, Erwan obéit. Alors, il sentit les mains de T se poser sur son dos.
-Te souviens-tu ?
Erwan acquiesça : comment aurait-il pu oublier ?
Les doigts de T le massèrent délicatement et il se détendit.