Il sait ce qu'il risque s'il ne te retrouve pas.
Erwan était soulagé d'être le petit ami de T. Soulagé d'être celui qu'il ne menaçait pas.
Il sursauta lorsqu'une voiture s'arrêta brusquement devant lui. La portière s'ouvrit : c'était Thibault.
-Erwan...Je suis vraiment désolé...Je ne sais pas ce qui m'a pris...
Il le regarda, sans un mot.
-Il m'a menacé.
A ces mots, Erwan le fusilla du regard.
-Et c'est uniquement pour cette raison que tu viens me chercher ?s'exclama-t-il. N'aurais-tu pas pu me dire simplement que tu regrettais ? Non, il a fallu qu'il te menace pour que tu réagisses !
Il secoua la tête, dégoûté.
-Et tu prétends être mon ami...
-Je le suis, je t'assure. Je voulais seulement te mettre en garde, mais...je n'aurais pas dû. Je suis désolé.
Erwan serra les dents.
-Tu as de la chance qu'il n'y ait plus de tramways...Dis-toi bien que c'est uniquement pour T que j'accepte de rentrer avec toi.
Il vit Thibault hocher la tête sans un mot.
En arrivant devant la résidence, Erwan ouvrit la portière, mais il sentit Thibault le retenir par le bras.
-Erwan, je suis vraiment désolé...
Il se dégagea.
-Les excuses ne suffisent pas. Pas cette fois.
Il claqua la portière et rentra dans la résidence sans se retourner.
Une fois dans le studio, leurs regards se croisèrent. Ils restèrent immobiles, silencieux, concentrant toutes leurs émotions dans ce simple échange de regards. Puis, Erwan craqua et vint se blottir contre T. Pas un mot ne fut échangé. Chacun savait ce que ressentait l'autre. Il sentit les bras de T l'enlacer et le serrer contre lui. Il répondit à son étreinte, le souffle court.
-J'ai cru que je ne te reverrais jamais, murmura finalement Erwan.
-J'ai failli tuer Thibault en apprenant qu'il t'avait laissé seul, lui souffla T.
Erwan ne put s'empêcher de rire en l'entendant.
-Je sais que tu en aurais été capable, plaisanta-t-il.
-Si je n'avais pas été aussi faible, je serais allé te chercher moi-même.
-Ne culpabilise pas, tu n'y es pour rien. C'est la faute de Thibault. S'il ne m'avait pas énervé...
-...rien ne se serait produit, acheva T.
Erwan lui sourit.
-Exactement.
Il le contempla, le cœur rongé d'inquiétude.
-Tu vas mieux ?murmura-t-il.
-Moralement, je vais beaucoup mieux depuis que tu es revenu. Physiquement, je ne peux pas en dire autant...
Erwan reposa la tête sur son torse.
-Je ne pars plus, je te le promets.
-Je suis heureux de te l'entendre dire.
Le lendemain soir, on frappa à la porte de son studio. Il échangea un regard avec T, avant d'aller ouvrir.
En le voyant, il referma brusquement la porte. Du moins, il essaya. Parce que son pied venait de la bloquer. Tremblant d'horreur, Erwan fut contraint de le voir rentrer et refermer derrière lui. Il lui prit brusquement le bras, le plaqua contre lui et posa sa main sur son nez et sa bouche, l'empêchant de respirer. Il vit T pâlir brusquement et l'entendit pousser un juron.
Pas lui, supplia-t-il. Fais ce que tu veux de moi, mais ne t'en prends pas à lui...
Il suppliait en silence, étant dans l'incapacité de parler. Il commençait à suffoquer. Il tenta de se débattre. En vain. Il le maintenait fermement. Il frémit d'horreur lorsqu'il sentit son assaillant se rapprocher de T.
Non...Non, pas lui...
Ses supplications silencieuses étaient vaines.