Le vibreur de son portable le fit sursauter. Il avait un message.
Veux-tu venir passer la journée avec moi ?
Erwan sourit.
Evidemment !
Passer le dimanche avec T ? Rien ne pouvait lui faire plus plaisir...
Je t'attends chez moi à 14 h. J'ai hâte.
Moi aussi.
Il n'aurait pas pu être plus heureux. Mais tout en se disant cela, il sentit une ombre planer sur son cœur.
T l'avait embrassé jeudi. Or, le vendredi, il s'était comporté comme si rien ne s'était produit. Erwan ne savait qu'en penser. Regrettait-il son geste ?
Il haussa les épaules. Il en aurait le cœur net à quatorze heures.
9 : 30
9 : 35
9 : 40
9 : 45
9 : 50
9 : 55
10 : 00
Erwan regardait les heures défiler sur son réveil. Dix heures. Il n'était que dix heures ! Comme le temps passait lentement...Chronos ne pouvait-il pas s'affoler un peu ?
Ledit Chronos resta stoïque.
A midi, Erwan mangea rapidement et à quatorze heures, il put enfin se rendre chez T.
Celui-ci l'invita à entrer sans l'embrasser. Erwan sentit sa gorge se serrer : ses craintes se confirmaient...
-Est-ce pour cette raison que tu m'as invité ? Pour me dire en face que tu ne veux plus de moi ?
Il vit T écarquiller les yeux.
-Quoi ?
-Tu regrettes, n'est-ce pas ?continua Erwan. Tu regrettes ce qui s'est passé.
-De quoi parles-tu ?
-De ton baiser. Sois franc, dis-moi que tu regrettes.
Il sentit T le prendre par les épaules.
-Erwan, arrête ! Non, je ne regrette pas, qui t'a mis une idée pareille à l'esprit ?
-Personne, répliqua Erwan. Mais tu agis comme si rien ne s'était passé. J'ai le droit de me poser des questions, non ?
Le baiser de T l'interrompit.
-Non, murmura-t-il. Non, tu n'as pas le droit.
Erwan s'écarta doucement et croisa les bras.
-Explique-moi. Tes changements d'attitude commencent à m'embrouiller l'esprit.
-Je t'assure que je ne regrette rien. Mais je ne suis pas sûr de moi. J'ai sans cesse peur de te déplaire, de mal agir, de me tromper, d'aller trop loin...Je vis dans l'angoisse de te voir fuir. Ou de t'entendre dire que tu t'es trompé. C'est tellement difficile de se sentir différent. Je n'ai connu que la distance, l'erreur et le rejet. Personne n'a jamais accepté ma différence, alors...
Erwan lui prit la main.
-Moi, je l'accepte. Je ne me suis pas trompé et je ne m'enfuirai pas. Fais-moi confiance. Et fais-toi confiance. Accepte-toi tel que tu es.
Il vit T lui sourire.
-Merci, Erwan.
Lorsque le visage de son ami se rapprocha du sien, il ne se déroba pas. Bien au contraire...
-J'espère qu'avec toi, je parviendrai à m'accepter.
Erwan lui rendit son sourire.
-Je l'espère aussi. Mais ne t'inquiète pas : je serai là pour t'aider.
Ils seraient toujours là l'un pour l'autre. Dans les bons moments comme dans les mauvais. Quoi qu'il arrive, ils se soutiendraient.