Chapitre 67

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Le lundi, en voyant T, Erwan ne put s'empêcher de pousser un cri. Les marques rouges sur son visage s'étaient multipliées. Il se précipita vers lui.

-Que t'est-il arrivé ?s'exclama-t-il.

-Il a recommencé.

Doyen, comprit Erwan.

-Il t'a battu ?

-Oui...

-Mais pourquoi ?gémit Erwan.

Le regard que lui adressa T lui déchira le cœur.

-Ça me tue, Erwan. Ça me tue de ne rien pouvoir te dire. J'en ai envie et je ne peux pas, parce que sinon ce sera pire.

Erwan le prit dans ses bras et il le sentit s'accrocher à lui en tremblant.

-Alors, ne dis rien, murmura-t-il. Ne dis rien, je ne veux pas que ça s'aggrave.

-Ça s'aggravera de toute manière. Quoi que je fasse, ça empirera.

Erwan le soutint jusqu'à la salle de classe.

-Mais pourquoi continue-t-il de ne rien voir ?

-Plus de deux mois que ça dure, c'est un record...

-Il reste avec lui pour mieux le briser à la fin.

-De la perversité à l'état pur...

Erwan s'immobilisa brutalement et fit volte-face.

-Ecoutez-moi tous. Soit vous vous expliquez clairement, soit vous vous taisez. Mais cessez de parler par énigmes, ça commence à devenir insupportable. Merci.

Il vit avec grand plaisir les élèves demeurer cois.

L'enseignant insista pour emmener T à l'infirmerie, mais il refusa. Erwan intervint pour appuyer la décision de son ami et le professeur finit par s'incliner.

A la fin du cours, lorsqu'il ralluma son portable, il vit qu'il avait un message de Thibault.

Thibault : Je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps. Réagis, Erwan, je t'en supplie. Je sais que tu m'as demandé de ne plus t'en parler, mais là, ça devient urgent, je ne peux plus me taire.

Erwan leva les yeux au ciel.

Erwan : J'attends toujours de savoir pourquoi...

Il n'eut pas de réponse. Thibault ne pouvait donc pas lui donner d'explication. Qu'à cela ne tienne : il resterait avec T.

Sa relation avec T était une réaction à tous ceux qui s'y opposaient sans dire pourquoi. Il l'aimait, bien entendu, d'un amour presque démesuré. Mais son amour était également une manière pour lui de toiser ses adversaires en leur montrant clairement qu'il ne s'inclinerait pas devant eux.

Son portable vibra.

Thibault : Je ne peux pas te dire pourquoi, mais je t'en prie, écoute-moi et sors de ce marais avant de vraiment t'y enfoncer. Tu vas souffrir, plus que tu ne pourras jamais l'imaginer.

Erwan serra les dents.

Erwan : Pour l'instant, c'est T qui souffre. Je ne l'abandonnerai pas, surtout pas maintenant.

Thibault : Plus vous resterez ensemble, plus vous souffrirez. L'un comme l'autre.

Erwan : Je ne sais que je ne suis pas doué en logique, mais ton raisonnement est stupide.

Thibault : Il est peut-être stupide, mais il est vrai.

Erwan ne répondit pas.

-Thibault te harcèle, comprit T.

-Comment le sais-tu ?

-J'ai vu son nom, sans le vouloir, et j'en tire les conclusions qui s'imposent.

Le jeune homme soupira.

-Oui, il me harcèle et je commence à en avoir assez.

-Il veut que tu me quittes...

Erwan le regarda.

-Je ne le ferai pas. Je sais que tu vas mieux depuis que je suis avec toi, je sais que tu as besoin de moi. Je ne t'abandonnerai pas.

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