La sonnerie de son portable le fit à nouveau sursauter. Il poussa un juron et grimaça de douleur. Mais lorsqu'il vit le nom affiché sur l'écran de son téléphone, il se figea.
Erwan.
Il compta un, deux, trois battements de cœur. Et pressa la touche verte.
-Erwan ?
-T...
La respiration d'Erwan était haletante, il était visiblement paniqué. Très paniqué. Il sentit son estomac se nouer.
-Où es-tu ?
-Je...Je ne sais pas. Je ne retrouve plus l'arrêt...Je me suis perdu...
Il ferma les yeux. Reste calme, surtout, reste calme.
-Décris-moi ce que tu vois autour de toi.
-Des immeubles. Et une route. Il n'y a rien d'autre. Hormis des bâtiments abandonnés.
Des bâtiments abandonnés...Il devait être dans la banlieue de Quetigny. Mais où exactement ?
Sa faiblesse l'insupportait. S'il avait pu, il aurait pris le tramway et aurait couru à sa recherche. Il aurait sûrement été plus efficace que Thibault. Mais il était impuissant. Tout cela à cause de lui...
-Ne vois-tu pas un panneau quelque part ?
-Non, il n'y a rien.
Que devait-il faire ? Que pouvait-il faire ? La détresse d'Erwan le désespérait.
-T ?
Il sursauta.
-Oui ?
-Je viens de voir l'enseigne illuminée du cinéma Cap Vert.
A ces mots, il sentit le poids dans son cœur diminuer brusquement.
-Reste devant, dit-il précipitamment. J'appelle Thibault pour qu'il vienne te chercher.
-Thibault ? Es-tu sérieux en me disant cela ?
-Il est le seul qui puisse agir, Erwan. De toute manière, il a parfaitement compris que j'étais en colère contre lui. Je l'ai menacé quand j'ai appris qu'il t'avait laissé seul. Il sait ce qu'il risque s'il ne te retrouve pas.
Il y eut un silence.
-Erwan ?
Il l'entendit soupirer.
-D'accord.
Dès qu'il eut raccroché, il contacta Thibault.
-T ? Est-il rentré ?
-Non, mais il vient de m'appeler. Il est devant le cinéma Cap Vert. Va le chercher.