Chapitre 14

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-Demande-moi ce que tu veux, j'y répondrai. A quelques exceptions près...

Erwan fronça les sourcils. A quelques exceptions près ? Il avait pourtant l'impression qu'il y avait beaucoup d'exceptions avec T... 

Il tenta de creuser son esprit. Que pouvait-il bien lui demander ?

Ah. Il y avait une question qu'il pouvait peut-être lui poser.

-Le responsable de tes hématomes...Est-ce celui qui m'a fait les scarifications ?

-Non, lui répondit T. Ce n'est pas quelqu'un de la fac. C'est un adulte.

-Un adulte ?s'exclama Erwan.

Il vit T acquiescer. Il demeura un moment muet, sous le choc.

-Tu ne peux pas non plus me dire de qui il s'agit...

Il y eut un silence.

-C'est mon tuteur.

Son tuteur. Alors, Erwan se souvint des propos de Thibault.

Il est né sous X.

-Thibault m'a dit...pour ta naissance, murmura-t-il d'un ton hésitant.

-Il t'a dit que j'étais né sous X.

-Oui.

Il entendit T soupirer.

-Il ne t'a pas dit le pire. Je l'ai appris bien plus tard et je ne m'en suis jamais remis.

Erwan attendit, mais rien ne vint.

-Tu ne veux pas en parler, comprit-il.

-Je ne peux pas, Erwan. Je le voudrais, mais je ne peux pas. C'est trop dur...

A ces mots, Erwan lui prit la main.

-Je comprends. Ne t'inquiète pas, je comprends.

-Mon tuteur...Parfois, il me bat. C'est pour cette raison que je me sens mieux dans cette résidence. S'il avait habité Dijon, je ne sais pas comment j'aurais survécu.

-C'est horrible, souffla Erwan.

-Oui. Quand je suis chez lui, j'ai peur...

-Mais il t'autorise tout de même à rester en résidence...

-Seulement en semaine. Je suis obligé de revenir chez lui tous les week-ends et pendant les vacances.

Lorsqu'Erwan sentit T le serrer contre lui, il ne se déroba pas.

-Il est le seul dont j'ai peur. Le seul que je crains de voir. J'ai appris à me forger une carapace, mais je la sens se briser chaque fois que je suis avec lui. Et un jour, c'est lui qui me brisera. Définitivement.

Erwan frissonna en entendant ces mots.

-Ne dis pas ça, T, je t'en prie.

-C'est la vérité, Erwan. Il trouvera le moyen de me détruire, je le sais.

-Il ne peut pas. Il n'a pas le droit.

-Il a tous les droits sur moi. Mais je suis dépendant de lui. S'il décide de prendre quelqu'un d'autre à ma place, il me jette comme il l'entend et je me retrouve à la rue.

Erwan avala péniblement sa salive.

Quand je pense que je me suis disputé avec mes parents pour une histoire de ville...

Ses problèmes étaient dérisoires face à ceux de T.

-A quoi penses-tu ?lui demanda son ami.

Il le regarda.

-Au fait que je suis un égoïste.

Le rire de T résonna à ses oreilles.

-Mais non !

Erwan sourit - sa bonne humeur était contagieuse.

-Si. Je me suis disputé avec mes parents pour quelque chose qui n'en valait pas la peine, alors que toi...

-Erwan, stop. Cesse de culpabiliser. Nous avons tous des problèmes différents. Ça ne veut pas dire que les tiens sont moins importants que les miens. 


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