Son portable sonna. Il le prit en tremblant et regarda l'écran : Thibault. Il répondit à contrecœur.
-Quoi ?soupira-t-il.
-Je t'en supplie, dis-moi qu'Erwan est avec toi.
A ces mots, il sentit son corps se tendre brusquement. Le ton de Thibault était alarmé, paniqué.
-Non, il n'est pas avec moi. Je croyais que tu devais le ramener à la résidence.
-Je...
-Thibault ?
Il n'obtint pas de réponse.
-Si tu ne me réponds pas, blessé ou pas, je viens m'occuper de toi et tu le regretteras.
-Nous nous sommes disputés.
-A quel propos ?
-Je...Je l'ai mis en garde contre toi.
Il serra les dents.
-Je pensais pourtant avoir été clair à ce sujet.
-J'ai des raisons de l'avoir fait, non ?
-Non, répliqua-t-il sèchement. Quand comprendras-tu que c'est différent, avec Erwan ?
-Ça fait un moment que je l'ai compris...
-Alors, pourquoi l'as-tu mis en garde ?
-Parce que je continue d'avoir peur pour lui.
Il poussa un sifflement de rage.
-Où l'as-tu laissé ?
-Vers les résidences, mais il a pris le tramway.
-Trouve-le, cracha-t-il. Trouve-le, sinon c'est moi qui te retrouverai.
Il raccrocha et respira lentement pour tenter de se calmer. Il ne parvenait pas à croire que Thibault ait pu se montrer aussi stupide. Comment avait-il osé mettre Erwan en garde ? Comment avait-il osé le faire passer pour le méchant ? S'il ne le retrouvait pas...Il n'osa pas achever sa pensée.
Il composa le numéro d'Erwan. Comme il s'en doutait, son ami ne répondit pas et il tomba sur la messagerie.
-Erwan, rappelle-moi. Thibault m'a dit ce qui s'était passé. Je t'en supplie, rappelle-moi.
Il raccrocha et demeura immobile, le cœur battant à tout rompre, les yeux rivés sur son téléphone.
Rappelle, je t'en supplie, rappelle...
Il avait dû éteindre son portable. C'était du moins ce qu'il tentait de se dire pour se rassurer.
Thibault avait intérêt à le retrouver.