- Alors ? Où en es-tu ?
Il baissa les yeux.
-J'avance doucement.
-Tu dois être plus rapide que cela.
-Je ne peux pas. Et tu connais la raison de ma lenteur aussi bien que moi.
-J'en ai assez de ta lenteur. Bientôt, tu n'auras plus le temps.
-Si. J'y arriverai.
-Pourquoi me fais-tu une promesse que tu ne parviendras pas à tenir ? Tu n'as jamais réussi ! Pas une seule fois !
La violence du ton le fit sursauter, mais il parvint à soutenir son regard. Ne pas craquer. Surtout, ne pas craquer.
-Cette fois, c'est différent. Je réussirai, tu as ma parole.
-Tu sais ce que tu risques si tu me déçois encore une fois...
Il garda les yeux rivés sur lui.
-Je le sais. Mais je ne te décevrai pas. Tu seras satisfait, crois-moi.
-Tâche de te montrer convaincant.
Il hocha la tête et remonta dans sa chambre.
Non, il ne le décevrait pas. Il tiendrait. Jusqu'au bout. Et pour la première fois, il ressortirait vainqueur de cette nouvelle épreuve.
Erwan lui manquait dès qu'il n'était pas avec lui. Sa solitude lui pesait. Il était là, bien sûr, mais il ne le considèrerait jamais comme sa famille.
Liberté. Il avait besoin de liberté. Besoin de respirer. Besoin de se sentir exister.
Il n'y avait qu'avec Erwan qu'il pouvait être quelqu'un. Qu'il avait le droit d'être quelqu'un. Avec Erwan, il était libre. Heureux. Vivant.
Il avait besoin d'aimer et de se sentir aimé. Après tout ce qu'il avait vécu, il ne désirait rien tant qu'un peu de paix et d'amour. Sa vie entière avait été noire de souffrance, mais Erwan avait enfin réussi à la peindre en doré et il ne voulait surtout pas que la peinture s'écaille.
Il y arriverait...Oui, il y arriverait. Tenir, il devait tenir. C'était long et difficile. Mais c'était le prix à payer pour sa liberté. Il le savait. S'il n'en avait pas eu conscience, il y a longtemps qu'il aurait lâché prise.
