Conte des temps d'avant: Le Temps du Bonheur 1

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    Fermant les paupières, elle revit la grande maison blanche sur la colline. Elle était née bien loin de là sur un continent de chaleur, de couleurs et de rires. Les arbres couronnés de gerbes flamboyantes, dont les longues racines apparentes allaient effleurant le sol et reliant ainsi les arbres les uns aux autres, tels des amis. Les palmiers pareils à d'immenses éventails. Les majestueux Caoutchoucs à l'ombre apaisante. Toutes les plantes que sa mère cultivait avec amour et qui ornaient si joliment la maison.

Des bougainvillées étendaient leurs grappes multicolores le long des colonnes de la terrasse. Les jasmins cernaient les grandes fenêtres lumineuses qui s'ouvraient sur celle-ci, formant une ceinture de verdure autour de la maison blanche. Les meubles en bois précieux, le parfum des fleurs exotiques qui tournait un peu la tête, les tissus gais et colorés. Le joli rire de sa mère et celui plus grave de son père. La jeune fille était sûre de vivre au paradis.

Le plus souvent, quand son père rentrait en fin de journée, ils s'asseyaient tout trois dans les confortables fauteuils qui garnissaient la terrasse. Là, ils profitaient de la légère brise parfumée qui s'élevait le soir ; dans la splendeur des couleurs violentes et douces de l'astre solaire laissant sa place à la lune. L'instant béni où la beauté du paysage créait la magie du lieu. Une larme glissa sur sa joue, père soupira-t-elle...

Oui, son père, cet homme merveilleux qui veillait sur tous, qui semblait invulnérable, plein de force et de tendresse.

Avec lui elle avait galopé dans les hautes herbes dorées qui formaient la savane. Elle avait découvert les hommes et les animaux de cette terre sauvage. Elle avait appris à les aimer, à respecter leurs rites et traditions et suivit le sage enseignement de ce peuple dont les regards portaient toute la sagesse du royaume indompté avec qui ils ne faisaient qu'un. Elle avait joué et ri avec leurs enfants partageant le manioc et le mil, écoutant avec eux les griots qui s'arrêtaient dans le village aux cases rondes recouvertes de chaumes. Ils contaient d'étranges histoires mêlant vérité et fantastique, afin de mieux transmettre aux enfants, l'histoire extraordinaire de cette terre appelée KaMa*. Elle apprit à pêcher la carpe sur le grand lac à la beauté imposante et paisible, au pied de l'immense Montagne Sacrée aux sommets toujours enneigés qui dominait de sa rassurante majesté toutes les terres alentours.

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