Le Temps du Bonheur.

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 Ninazu, interrogea Esteban, où était-elle ?

-Partie mon frère, partie. Elle a tant d'êtres vivants sous sa garde. Penses-tu qu'elle puisse rester là ? Même si sa curiosité pour toi est intense.

Ninazu rougit, un peu gêné de cette moquerie bon enfant. Il devrait bien s'y accoutumer. Esteban n'était pas homme à garder pour lui ses réflexions ! Il se secoua mentalement et la fin de la journée passa à étudier le programme d'entrainement de Youss. Ce dernier, fier du cadeau de Ngai de KaMa, ne lâchait pas sa lance, suivi par une troupe d'enfants hilares, qui se riaient de lui ! Le futur grand chasseur ! Youss faisait alors semblant de se vexer pour leur faire peur. Dans ses yeux ombrés de longs cils, pétillait sa bonne humeur, et gentillesse. Mais il lui tardait de débuter sa formation, il savait que le peuple Massaye avait besoin d'un chef, et que, Esteban et Ninazu ne seraient pas toujours là pour l'aider.

Ainsi pendant des jours et des nuits, il accumula le savoir et la science nécessaires à un grand Roi. Entre le dieu déchu et le chevalier, il devint un jeune homme savant, il ne lui restait plus qu'à faire ses preuves en tant que chasseur et guerrier. Finalement ce fut bien plus difficile pour lui ! Car en assimilant les connaissances qui élèvent l'esprit des hommes et leurs donnent les clefs de bien des mystères ; le futur roi, comprit que le savoir était surement l'arme la plus dangereuse ! Malgré tout il s'entraîna à devenir le meilleur dans l'art de la chasse et de la guerre. Cela le faisait rire ! Se moquant gentiment d'Esteban, il dit :

-Chevalier, à quoi donc me sert-il ! Nos royaumes vivent en paix et en parfaite harmonie ! Explique-moi ?

-Youss, tu vas devenir le roi des Massayes ! C'est ton devoir. Tu n'as pas le choix !

Le futur roi baissa la tête, il commençait à comprendre ce que signifiait ce titre, et toutes les contraintes qui régenteraient sa vie. La mélancolie envahit ses yeux sombres. Il se demandait s'il devrait aussi, comme son père, avoir une ou plusieurs femmes, signe de richesse. Ninazu suivait le duel dans son regard, il lui parla :

-Jeune roi, tu as l'âme d'un homme sage et responsable, je comprends à quel point tes nouvelles charges t'effraient. J'imagine que tu aurais aimé découvrir le monde et profiter de ta jeunesse, avant de te plier aux obligations d'un roi. Mais jeune homme, crois-moi, tu sauras ce que tu as à faire le moment venu. De plus je ne pense pas que l'on puisse t'obliger à prendre femme, si tu ne le désires pas. J'ai étudié vos coutumes, parlé à ceux qui détiennent les mémoires de ton peuple, toi seul décidera. Cependant il te faudra un héritier. Ne l'oublies pas, et je suis persuadé que tu rencontreras celle qui fera battre ton cœur comme un tam-tam dans la nuit. Ce jour-là tu sauras qu'elle est l'élue de ton cœur !

Esteban se mit à rire :

-Ninazu, mon frère, ne dirait-on pas que tu parles de connaissance ?

L'ancien dieu de Sumère, rougit ! Le souvenir de Ngai de KaMa, troubla son regard. Où était-elle, pouvait-il espérer qu'elle s'intéresserait à lui ? Esteban suivait le fil de ses émois et lui sourit amicalement.

-Allez mon ami, ce futur roi a encore besoin de nous... Je trouve qu'il ne chevauche pas encore comme il le devrait ! En route !

Ils sautèrent à cru sur leurs montures et partir au grand galop, la leçon d'équitation continuait. Youss prenait plaisir à chevaucher librement. Ses deux mentors estimaient qu'il était prêt. Ils lui dirent le soir en rentrant à Mwanza. Le jeune homme s'en doutait, bien qu'il ne se sente toujours pas l'âme d'un roi.

-Allez-vous me quitter, demanda-t-il à ses maîtres ?

-Non Youss,  Ninazu, ou moi resterons près de toi, le temps qu'il sera nécessaire, ne crains rien nous t'épaulerons.

Youss poussa un soupir de soulagement ; il sourit à ses aînés, et regagna le palais.

Esteban alors parla à Ninazu :

-Mon ami, cela fait bien trop longtemps que j'ai quitté ma demeure et mon épouse Katarina, puis-je te confier Youss, et de plus Ngai de KaMa sera là pour son intronisation...Cela devrait te faire plaisir !

Le visage de Ninazu s'éclaira de bonheur, Elle enfin, il avait tellement envie de la revoir, de lui parler! De lui avouer quoiqu'il en découle son amour...

-Esteban, ne te ris pas de moi, vas-y, rejoins ton aimée ; je veillerai ; et, merci, mon frère !

Dès l'aube, le chevalier prit la route, persuadé que tout irait bien à Mwanza...


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