Le Temps du Bonheur. C.28

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       La fête fut splendide, les Ambaréens, les marins, et les hommes bleus firent honneur aux cuisinières. Le vent s'était tu, la musique résonnait sous les étoiles, les rires fusaient, sur la grande place bordée par les remparts majestueux, hommes des royaumes échangeaient et partageaient. Beaucoup pensaient qu'il devait faire bon vivre en Ifriqiya, surtout ceux qui venaient des royaumes mourants du grand nord. Ngai et Ninazu, à la table d'honneur se laissaient aller à partager la joie ambiante. Pour la première fois depuis quelques jours, la déesse se relaxait. Son sixième sens avait disparu. En se traitant de sotte elle sourit à son époux et laissant Yumana dans les bras de sa nourrice, l'entraina dans la ronde, au son des gnaouas et des luths. Ngai de KaMa, virevoltait ses pieds touchant à peine le sol, souple comme une liane, son corps d'ébène attirait tous les regards, Ninazu bougeait à peine, perdu dans la contemplation de sa splendide femme. Il n'y avait aucune jalousie dans son regard, juste une grande fierté ! Tous maintenant admiraient la déesse qui dansait !

Cachée derrière une arcade, la femme corbeau ne le quittait pas des yeux. Ses paupières mi-closes, laissaient passer des éclairs d'un rouge sanglant. Toute la haine du monde circulait dans ses veines, la Démone Demmé, se retenait d'intervenir, elle en tremblait d'impatience ! Son amour, là devant-elle et admirant une autre qu'elle. Son esprit malade et détraqué n'arrivait pas à comprendre ! Comment pouvait-il aimer, cette créature à la peau noire ?

Une humaine, qui offrait aux regards son corps à demi dénudé ! Son Dieu de Sumère, même exilé, même déchu, méritait une vraie déesse, quelqu'un de son rang ! La rage qui bouillonnait en elle, serait dévastatrice ! Elle regrettait que Silène ne soit pas auprès d'elle ! Elle aurait bien besoin de ses conseils et de sa connaissance du monde Terre ! Malgré ses dons et son savoir, la reine des Ténèbres, n'était pas chez elle dans ce monde. Soudain elle entendit les pleurs d'en nourrisson, et les poings crispés, elle vit son amour, se précipiter et prendre la petite fille dans ses bras. L'humaine à la peau noire, les rejoignit et Ninazu, son dieu, son autre moi, enlaça tendrement la femme !

Dans un violant bruissement d'ailes, elle s'envola, et disparut dans le ciel étoilé.

Alertée par le bruit, Ngai fouilla l'obscurité, un instant alertée, mais ne voyant rien, elle se rasséréna. La soirée dura tard dans la nuit...

Puis vint l'heure pour les équipages, de regagner leurs bords. Ils appareilleraient dans la matinée ! Les caravanes, elles prendraient la route au crépuscule, prêtes à affronter les dunes désertiques ! Les adieux chaleureux s'éternisèrent, il se passerait de longs mois avant que les navires commerçants ne reviennent au port !

Finalement le silence se posa sur l'Océania et la cité portuaire.

Contes des temps d'avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant