Contes des temps d'avant

Le Temps du Bonheur 13

  Silencieusement il l'observait. Ce matin l'esprit clair, il se demandait quel sortilège avait provoqué sa folie de la soirée. Il était bien décidé à mettre les choses au point avec la jeune fille et ainsi se protéger.

-Demoiselle il faut que je vous dise !

Le regard doré plongea dans son regard et toute volonté envolée, Il la prit dans ses bras baisant les paupières closent. Sans un mot il la tint contre lui, profitant de son parfum, de sa douceur. Enveloppée dans la grande cape aux odeurs masculines Yumana défaillait de plaisir. Entrainée à nouveau dans un monde dont elle ignorait tout. Mais qu'elle souhaitait ardemment découvrir. Dimitri lui ouvrait les portes d'un univers qui faisait bouillir en elle des feux qu'elle ne voulait pas éteindre.

-Dimitri, vous qui connaissez le Duc, que vais-je devenir ? Pourrais-je rester près de vous ?

-Doucement Demoiselle, doucement, je vous ai fait une promesse, ne l'oubliez pas.

Contre sa volonté, sa bouche délicatement descendit vers son oreille, puis dans le creux de son cou, un long frisson les parcourut. Se hissant sur la pointe des pieds elle tourna la tête et chercha sa bouche. À nouveau unis par leurs lèvres le temps s'arrêta ! Éperdue Yumana se colla sensuellement à son amant. Mais Dimitri l'éloigna brusquement, essayant de reprendre ses esprits.

Dieu qu'elle est dangereuse pensa-t-il et que je suis faible face à sa détermination ! Légèrement essoufflé, l'écartant de lui, il dit :

- Yumana arrêtons ces folies, on pourrait nous voir et croyez-moi le châtiment serait terrible, votre grand-père est sans pitié, vous vous en êtes aperçue, non ?

-Oui, c'est vrai, mais ce que je ressens est plus fort, je n'ai pas peur ! Il se moque bien de moi, alors je peux faire ce que je veux, non ?

-Ma Demoiselle, vous êtes trop jeune, comment pouvez-vous mesurer la puissance d'une personne comme votre aïeul ? Vous n'avez peur de rien, car vos parents vous ont élevé dans la paix, la sérénité, la confiance et l'amour. Mais là, que reste-t-il ?

-Toi Dimitri !

-Je ne pourrais vous protéger que si vous acceptez de vous plier aux règles de votre nouvelle vie !

Abasourdie Yumana le regarda, ses yeux l'éclaboussèrent d'une lumière emplie de rage et de frustration. Il s'écarta de la flamme qui y brûlait, étonné et plus curieux que jamais. Dans un élan elle le repoussa sans un mot, sans une larme. Les yeux qu'il aimait lancèrent des éclats de feu. Nulle rage ne défigurait le merveilleux visage de la jeune fille, mais les flammes qui tournoyaient autour d'elle, le firent reculer de frayeur. Seule, debout au milieu de l'orage qu'elle créait, Yumana paraissait perdue et même surprise. En un quart de seconde, les flammes disparurent, Dimitri baissa son bras, elle n'était plus là, comme emportée par son propre feu !

Il chercha la jeune fille partout et, effrayé courut jusqu'à l'appartement ducal. La porte entrebâillée l'incita à entrer, il ne vit Yumana nulle part. Seule la subtile odeur de l'essence parfumée qu'elle portait, flottait dans la pièce. Près de son fauteuil préféré, une larme d'or brillait sur le tapis. Se baissant Dimitri voulu la saisir, il retira sa main, tant le bijou irradiait de chaleur. Pris d'une soudaine crainte, lui le vaillant guerrier se releva et sortit sans un regard en arrière. Cependant il n'oublia pas la larme d'or! 

Lui amènerait-elle des explications sur l'étrange aventure qu'il venait de vivre? Ou était passé la belle jeune fille? Que dirait-il à sa mère la duchesse?