Contes des temps d'avant

Le Temps du Bonheur 12

 Épuisée Katarina se coucha attendant désespérément le sommeil qui la fuyait sans cesse.

Ce matin-là, Yumana sauta de son lit des étoiles plein les yeux. Elle avait envie de chanter, de danser, de crier ce nouveau bonheur naissant. Magda eut du mal à la faire tenir tranquille le temps de sa toilette et la dernière boucle disciplinée elle courut rejoindre sa mère. Elle entra en trombe dans la salle des petits déjeuners, saluant gracieusement les autres passagers.

-Bonjour maman chérie, bonjour grand-père, avez-vous bien dormis ? Je meurs de faim !

Le silence de Katarina l'alerta et, le regard du Duc la cloua sur place, quant à sa mère les yeux rougis de larmes elle regardait sa fille avec une infinie tristesse.

-Asseyez-vous Mademoiselle, dit froidement le Duc. Dépêchez-vous, finissez votre collation nous avons à discuter de votre inconduite. Je vous attends à onze heures dans mes appartements.

Le Duc, sans un mot de plus se leva et se retira, laissant Yumana face sa mère toujours muette.

-Maman que se passe-t-il ?

-Mon enfant, votre grand-père est choqué de votre inconduite, vous avez blessé son honneur et sa fierté en disparaissant de la soirée, sans un mot d'excuse.

- Pardon mère, mais nul ne faisait attention à moi et j'étais réellement fatiguée dit-elle, rougissant en se remémorant sa soirée, Dimitri où es-tu ? J'ai besoin de ta présence. Yumana ressentait la puissance du lien entre eux deux. Toute sa personne ne vivait que pour le revoir. Chose assez simple sur un navire, pensait-elle pour se rassurer.

Sa mère l'entraîna rapidement au rendez-vous de son grand-père...

Maman s'il-vous-plaît, j'ai si peur, ne me laissez pas, aidez-moi ! Les yeux remplis de larmes, elle suivait sa mère qui, le dos raide et le visage figé semblait ne rien entendre. Obéissant aux consignes de son impitoyable père. Paralysée par la crainte, Yumana resta figée au seuil du salon de son aïeul. Un valet les mena au Duc. Face à l'homme qui la dominait, Yumana salua d'une ample révérence. Le Duc lui intima de s'assoir.

-Jeune fille vous êtes la honte de ma famille ; gronda-t-il

-Grand-père ; pardon, je ne fuirai plus !

-Ne m'appelez pas ainsi, vous n'êtes pas digne de notre nom.

-Maman dites quelque chose, maman je vous en prie.

Katarina, muette, ne répondit pas. Elle savait bien ce qui attendait sa fille. Elle savait aussi, que rien n'y ferait et qu'aujourd'hui plus encore, le secret de ses origines devait être protégé.

-Nous réglerons votre avenir une fois arrivés, soyez-en sûre ! En attendant, je vous conseille d'obéir et de ne plus provoquer aucun scandale si vous ne voulez pas finir la traversée enfermée ! Ai-je été assez clair ?

-Oui Monsieur.

-Retirez-vous, j'ai à parler à ma fille, Dimitri va vous reconduire.

Ne se faisant pas prier, l'enfant s'inclina devant le Duc et suivit celui à qui elle avait tant de choses à dire.

-Dimitri, Dimitri je voulais vous dire...

Ce dernier la fit taire d'un regard froid. Atterrée, Yumana sentit les larmes proches. La prenant par la main, le jeune homme l'attira sur le pont.

-Qui a-t-il Dimitri ?

- Ne dites rien !

*******Qui est-elle? Dimitri pourra-t-il et voudra-t-il prendre le risque de l'aimer au grand jour?