Le Temps du Bonheur.

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    Le dieu déchu marchait le long des berges du Nyanza, la soirée était belle, le soleil dardait ses derniers rayons, et la brise crépusculaire, portait tous les parfums de la terre... Il ressentait une drôle d'impression, un sentiment qui lui mettait les larmes aux yeux, comme un grand vide en lui, le manque de quelque chose ou de quelqu'un. Esteban n'était pas là pour lui expliquer que, tout simplement...Il était mélancolique !

Ses pas l'entraînèrent bien plus loin qu'il le pensait. Il se trouvait dans une anse de sable blanc, bordée par la forêt. Quelques poissons argentés sautaient dans l'ombre, gobant des insectes indolents. Brusquement, les feuilles bruissèrent derrière lui, il se retourna, elle était là !

-Bonsoir Ninazu de Sumère, je suis heureuse de te revoir !

Ngai de KaMa lui souriait, il avait oublié à quel point elle était belle ! Plus que belle, même. Son cœur battait la chamade! Il ne trouvait pas ses mots. Elle l'intimidait, sa beauté, sa déité, tout ce qu'elle représentait...Il se sentait humble. Alors il se contenta de s'agenouiller et déposa un baiser sur sa main fine. La déesse de KaMa surprise retira sa main, nul jamais ne l'avais touché ainsi ! Si Ninazu n'avait pas été aussi troublé, il aurait senti l'émoi de la ravissante déesse. Il se releva et se tint face à elle, muet, ses yeux pleins d'attente. Ngai de KaMa, tendit la main vers le visage masculin, ses doigts le découvraient. Elle ne le quittait pas des yeux, le scrutant intensément. Dans les yeux mouvants de Ngai, émerveillé, il comprit enfin qui elle était ! Il lui prit son autre main et en baisa la paume, il sentait, sous la peau d'ébène à la douceur unique, la vie ! La sienne et toutes celles qu'elle représentait !

-Dieu de Sumère lui dit alors Ngai de KaMa ; m'as-tu jeté quelques sorts ?

-Non ma déesse, non, c'est toi qui m'a ensorcelé ! Depuis que j'ai posé les yeux sur toi, je ne vis que pour te revoir, te dire mes sentiments ! J'ignorai que l'on pouvait aimer à en mourir !

-Non, ne dis pas cela !

-Si ma reine, mon amour, je donnerai ma vie pour toi ! Je te suivrai jusqu'au fin fond des univers et même en enfer, juste pour rester à tes côtés ! Peu m'importe que tu ne m'aimes pas, donnes moi juste le droit de regarder chaque jour ta beauté, entendre le chant de ta voix, fais de-moi ton serviteur ! Je te servirai...

-Assez Ninazu de Sumère, tais-toi ! Lis dans mes yeux ce que tu as à savoir.

Ninazu vit dans l'émouvant regard toute la joie, le bonheur qu'elle avait eu à entendre ses mots. Il sut alors qu'il été arrivé à bon port, que jamais plus il ne douterait, et que leur amour serait !

C'est ainsi que Ngai de KaMa, pure et innocente, et Ninazu de Sumère, le dieu déchu, s'aimèrent !

     Et c'est à cause de cet amour indestructible, plus fort que toutes les haines, que la vie des royaumes de KaMa et du monde Terre changea.

        Et que bien des années plus tard, le fruit de leur amour, se trouverait à la croisée des chemins de sa vie.

Contes des temps d'avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant