Le Temps du Bonheur 16

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    Dimitri, j'espère que la confiance que je mets en vous, ne sera pas vaine. J'ai pu noter que Yumana ne vous laissez pas indifférent ?

-Votre fille est d'une beauté exceptionnelle, duchesse, dit-il en rougissant. Tout comme vous Dame Katarina.

-Merci, jeune homme sourit-elle, mais écoutez plutôt ce que j'ai à vous conter :

- Esteban, mon cher mari, l'a ramenée chez nous quand elle n'était qu'un nourrisson. Son père était son meilleur ami, il vivait avec sa femme, sur la côte d'Océania, dans le nord de KaMa. Au royaume d'Ifriqya , dans une ville appelée Arembe située bien loin de chez nous. Esteban partit pendant de nombreuses lunes, lui expliqua-t-elle, un long cycle de lunes. Quand il revint, amaigri et épuisé, il serait dans ses bras la petite fille, à peine âgée de 3 mois. Il me raconta qu'Arembé avait été attaquée, des flots de barbares venus de l'Océania, avaient pillés, assassinés, emmenés les filles et les femmes.

Son ami était mort en défendant son foyer. Quand Esteban réussit à le rejoindre il gisait dans son jardin, baignant dans son sang. Son épouse, s'était battue jusqu'à la fin, pour protéger leur enfant. Elle était morte, éventrée devant une petite trappe. A l'intérieur il avait découvert le bébé affamé !

Katarina semblait plongée dans un rêve. Ce petit être qui reposait entre mes bras, ce bonheur incroyable que je ressentais ! Yumana, ce prénom étrange que lui avaient donné ces parents. Esteban, mon cher époux dû se remettre de l'épuisant voyage et de ces horribles visions pour me raconter ! Quand enfin il redevint lui-même alors il parla :

-Ma chérie, pardon de t'imposer cette enfançon, pardon de te mêler aux souffrances de ce Monde, mais je n'ai pas le choix ! Cette minuscule personne est recherchée par les forces du Mal. Alors je le questionnais :

-Cher amour, qu'a donc cette minuscule enfant pour susciter tant de haine ? Elle est si fragile, si petite! 

-Ma douce, cet enfançon représente ce que la plus part des gens refusent ! L'universalité et la fraternité de l'amour ! Le règne du partage, la compréhension de nos origines et surtout l'acceptation que nous soyons tous égaux, tout comme le sang qui coule en nos veines à la même couleur ! Mon aimée cette enfant à la peau dorée, est le parfait exemple de l'amour sans frontières ! Mon presque frère aimait sa femme au-delà de tout, même si sa peau d'ébène était différente de la sienne. Il disait toujours :

" Qui oserait dire que la couleur de nos peaux fait de nous des êtres inférieurs ou supérieurs ? Au nom de quel Dieu, Quel roi ou quelle folie pourrions-nous décider, qui est le dominant, qui est le soumis ? "

-J'enrage ma belle, mon amour... Regarde ce trésor que tu berces ! Sera-t-elle esclave parce que sa peau est plus foncée que la nôtre ? Parce que nous serons jugés et cloués au pilori du racisme et de la haine qui détruit notre Monde ? Réfléchis cher trésor, n'as-tu pas été banni par tes parents pour avoir suivi l'élan de ton cœur ? Ma douce Katarina, cet enfant sera la preuve de notre volonté d'un monde sans préjugés ! D'un futur où nous les humains accepterons les différences, n'est-ce pas la plus belle des victoires ? Ne plus juger selon les origines et la couleur de nos peaux...

-Comment aurai-je pu ne pas être en accord avec lui ! Il avait raison !  Mais ils étaient si rares ceux qui osaient ! Par amour, il l'avait fait ! Cette adorable enfant à la peau dorée, était un cadeau des dieux ! Ils la nommèrent Yumana, la traduction d'humanité sur un continent, où cette langue avait disparue avec la destruction d'un puissant empire ! Pour mon ami et sa femme, elle représentait l'avenir de l'humanité dans ce qu'elle a de plus merveilleux. Ce petit être était le Futur ! Tel qu'ils le rêvait!

Dimitri, silencieux analysait ce qu'il venait d'entendre. Les mots retentissaient en lui, et au-delà de ceux qui l'avaient formé!

     Oui, La duchesse et son époux avaient fait le bon choix. Oui, son intelligence entendait et admettait  que l'humanité était multiple, différente et riche de cela, justement ! Il s'imaginait le fier Esteban revenant harassé, mais fier du devoir accompli ! Un devoir non pas de guerre et de destruction, comme ceux qu'il menait depuis trop longtemps. Non ! Pour l'amour de la vie, le devoir avait été de sauver et protéger ! Un concept bien éloigné du monde du Duc et de Dimitri. Un glorieux chevalier avait donné sa vie pour une minuscule enfant à la couleur de peau bannie par les siens, et dont les boucles de cuivre et les yeux de soie fauve, faisaient trembler les peuples ignorants ! Quelle puissance avait porté cet homme sans égal ! L'amour était-il son moteur, sa force, son Graal ?

Dimitri admiratif, poussait la Duchesse à continuer son histoire...

Contes des temps d'avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant