Le Temps du Bonheur: 2

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    Un griot un soir, leur avait raconté que de la grande montagne venait l'eau qui abreuvait le lac. Très loin à des jours de bateau, de l'autre côté l'eau se transformait en d'immenses cascades, si hautes qu'elles paraissaient tomber du ciel : « les larmes des Dieux pleurant un paradis perdu » disait le conteur. De ces cascades naissaient deux rivières qui en s'unissant créaient un fleuve qui coulait vers un lointain pays.

Au royaume de Masr* le fleuve était sacré. Il apportait richesse et abondance grâce à ses eaux fertiles. Le long de ses rivages généreux vivait un peuple puissant. De magnifiques monuments montraient la force de ce peuple de bâtisseurs qui gravaient aussi d'étranges dessins sur la pierre. Les hommes de Masr voyageaient partout en KaMa, traversant de grandes étendues inhospitalières appelées : désert. Il leur expliqua, que le désert était fait de sable formant de hautes dunes, qui se déplaçaient avec le vent. C'était un endroit dangereux et magnifique, parfois, comme un miracle, une source entourée de palmiers et de verdure apparaissait : un Oasis. Il raconta les mirages provoqués par la chaleur et qui souvent tuaient les courageux qui s'y aventuraient. Il leur montra de drôles de choses qu'il appela « coquillages ». Leur expliquant que dans un temps très ancien ; il y avait là-bas de l'eau au goût de sel nommée Océania*. Il dessina dans la terre des formes qu'il appelait « vagues », disant que certaines étaient aussi grandes que le Baobab ancestral qui servait d'arbre à palabres*et sous lequel il s'asseyait pour les faire rêver. Parfois il parlait des hommes qui avaient voulu aller voir où finissait l'Océania.... De temps en temps on retrouvait quelques épaves de bois, jamais ceux qui avaient navigués dessus.

Alors devant les enfants captivés, il terminait en disant que la Déesse des eaux et les Mamiwatas* les avaient enlevés et entrainés dans leur Monde....

Un sanglot la secoua au souvenir de ces soirées dans la nuit KaMayaise*, bruissant de mille bruits. À peine éclairée par les lampes tempête qui dansaient doucement dans la brise, et où la voix grave de son père racontait aux voyageurs la vie et les histoires de KaMa*. Elle restait là, blottie contre sa mère, les yeux écarquillés buvant ses paroles. Une de ses aventures préférées était celle où, parti seul à la chasse il était tombé dans un piège à éléphants creusé par les pygmées. Ces petits hommes de la forêt qui vivaient cachés. Son père pourtant très prudent, s'était retrouvé dans un profond trou, coincé entre des pieux aux pointes effilées. Il disait toujours que les dieux étaient avec lui ce jour-là. Bloqué, ne pouvant faire un mouvement, sachant que nul n'entendrait ses cris !


Contes des temps d'avantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant