Contes des temps d'avant

Le Temps du Bonheur 3

     Elle se souvint du soir où tenant dans ses bras une minuscule panthère noire, il lui avait tendue en lui disant :

-Tiens ma chérie il faut que tu t'en occupes, sinon elle mourra.

-Mais Papa, je fais comment ?

-Vas voir Hilaire, il te montrera.

À partir de ce jour-là, elle apprit à élever la petite panthère noire qu'elle appela Aicha. Le bébé félin aux grands yeux verts la suivait partout, dormait au pied de son lit, l'accompagnait dans toutes ses promenades.

Elle adorait la voir courir quand elle chevauchait sa jument baie, ses muscles puissants dansaient sous son pelage luisant. Tous connaissaient Aicha qui était douce et affectueuse. Puis, hélas, vint le moment où devenue adulte, ils durent lui rendre sa liberté. Ce fut la première grande peine de Yumana. Bien sûr, elle comprenait parfaitement que en tant qu'animal sauvage, Aicha avait besoin de retrouver les siens et vivre sa vie de fauve. Alors un matin, son père et elles, partirent à cheval, Aicha à son habitude suivait sa maîtresse. Ils atteignirent la forêt vierge, son domaine. Ses sœurs tapies sur les principales branches des arbres de bois précieux l'attendaient. La jeune fille sans retenir ses larmes enlaça le fier animal, longuement elle lui parla à l'oreille. Aicha la tête penchée sur le côté écoutait avec attention. Quand Yumana se dirigea vers l'orée de la sombre forêt, le félin la suivit trottant à ses côtés. Yumana s'arrêta et doucement dit à la panthère :

-Va ma belle, va retrouver ta famille, il est temps pour toi d'être libre.

Aicha la fixa longuement de ses grands yeux clairs, se retourna et pénétra dans son domaine. Ce fut dur de vivre sans elle.

Un matin à l'aube, elle se dirigea vers le lac où elle aimait observait animaux sauvages. Cachée dans les hautes herbes, elle admirait le spectacle ; un museau humide se posa sur sa joue ; Aicha était là...Ainsi régulièrement elle venait à elle, de plus en plus belle.

Insouciante Yumana s'imaginait que sa vie serait ce que son père lui avait appris. Ici sur la terre de son enfance, libre de suivre ses choix, sans peur, avec la certitude de vivre à jamais à ses côtés.

En ce temps-là son royaume était la maison sur la colline dont les souverains étaient ses parents. Ses parents qui de ce qu'elle savait, avaient fui la folie des hommes, la haine et la guerre sur un grand vaisseau, pour se réfugier dans ce paradis.