Le tiroir fut plus difficile à ouvrir que je me l'étais imaginé. Ce n'était sûrement pas du contreplaqué mais du bois massif, me fis-je comme réflexion, avant d'y jeter un oeil. Bien que je ne savais pas ce que j'allais y trouver, je ne m'attendais pas à y découvrir des ensembles de lingerie fine des plus osées. Je le refermai aussitôt, les joues rougissantes. Ce n'était assurément pas une bonne idée d'ouvrir les autres tiroirs. J'avais l'impression de plonger dans une intimité qui ne me regardait pas alors qu'initialement j'aurais voulu y trouver un vieux tee-shirt quelconque, un peu trop grand pour moi, qui aurait fait l'affaire pour cette nuit.
Bon sang, pourquoi Sacha n'avait-il attrapé que les rares robes que j'avais dans ma penderie pour les fourrer dans ce fichu sac? Je ne pouvais pas réellement lui en vouloir mais sincèrement, ça ne m'arrangeait pas à ce moment précis.
Et puis à qui était donc cette chambre? Si ça avait été une chambre d'amis, pourquoi y avait-il de la lingerie dans les placards. Etait-ce la chambre de sa mère? De sa soeur? Avait-il une soeur? Où était sa mère aussi? Et son père? Ca me frustrait de ne rien savoir de lui. Bon, il était vrai que maintenant je connaissais son âge. 23 ans. Je n'en revenais pas. Non pas qu'il était particulièrement vieux, j'avais exagéré tout à l'heure, mais beaucoup plus que je me l'étais représenté. C'était encore plus intriguant. Pourquoi me prenait-il sous son aile comme ça? Je n'étais qu'une gamine pour lui surtout qu'il travaillait déjà tandis que moi je m'initiai seulement à la dureté des bancs de la fac.
J'étais épuisée de cette nuit et les questions qui fusaient en tout sens resteraient de toute manière sans réponses pour le moment. A quoi bon les laisser s'exprimer à cette heure matinale? Selon mon téléphone que j'avais posé sur la table de chevet, il était 4h passé. Les yeux me piquaient de fatigue, et les tensions de mon corps s'étaient relâchées sous l'effet de la douche. Tant pis pour la chemise de nuit, je ferais sans pour une fois. J'étais tellement épuisée. Je n'aurais qu'à bien m'enrouler dans les draps pour établir un contact entre le coton, si c'en était, et ma peau. Ca devrait suffire pour cette nuit.
Je me débarrassai de la serviette à même le sol et plongeai dans le lit. Mes paupières se fermèrent doucement. Mon coeur ralentit en même temps que ma respiration.
***
- Maman?
Maman avait natté mes longs cheveux noirs en 2 tresses symétriques. Je n'aimais pas quand elle me coiffait comme ça. Je préférais quand elle me faisait une queue de cheval toute simple. Les copains allaient bien rigoler en me voyant arriver à l'entrainement de handball comme ça. Et encore, ce n'était rien comparé au jogging rose pétant avec des dessins de chats blanc partout. La honte!
- Quoi encore? se lassait Maman
- Pourquoi je pouvais pas mettre le gris?
- Il était sale!
- Il est moche celui-là! protestai-je.
N'écoutant rien de mes jérémiades, elle me fit un rapide bisou sur les cheveux et me poussa d'une main dans l'entrée du gymnase.
- Anaëlle, arrête et dépêche-toi de rejoindre les autres!
Le reste de l'équipe était déjà assis en rond à écouter les directives de l'entraineur. Je me dépêchai de déposer mes affaires au vestiaire et de courir vers l'attroupement. A peine j'arrivai sur le terrain synthétique que l'entraineur, après avoir regardé sa montre en secouant la tête, me lança irrité:
- Anaëlle, tu es...
- ... à poil?
Quoi? La voix m'était familière mais ne cadrait pas avec celle de mon entraineur. Elle était rauque et suave à la fois. Ma conscience m'intimait de me réveiller. Est-ce que je dormais?
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Une nuit et un jour
RomanceL'université. Une page qui se tourne sur le lycée. Des promesses d'une nouvelle vie et un autre avenir... Effacer cette nuit où tout a basculé et chaque jour faire un nouveau pas. Partir en laissant derrière elle sa vie d'avant. Avec pour seul...