33. En un rien de temps

109 13 0
                                    

A voir son corps suivre le rythme de la musique, j'en suis stupéfaite. Je ne m'attendais pas à ce qu'il sache danser. En entendant son refus lorsque je lui avais proposer de venir danser, j'avais imaginer qu'il n'avait aucun talent pour cet art. Ce n'aurait pas été étonnant. Dans ma bande de potes, aucun des mecs ne savait réellement danser. La plupart restait posté sur les banquettes tandis que les plus téméraires se désarticulaient maladroitement sur la musique. Or, pour Sacha, c'était tout le contraire. Je m'approchai de lui sans me permettre de le toucher et essayai de me caler à ses mouvements.

Ma respiration s'affolait, j'étais si magnétiquement attirée par lui. Pourtant, dès que je me sentais prête à m'abandonner à mon désir d'être avec lui, tout contre lui, la polarité s'inversait jusqu'à me repousser. Ce petit jeu d'alternances me rendait folle. Je baissai mes yeux pour éviter de les plonger dans les siens, au risque de m'y perdre. Je ne pouvais pas, je ne voulais pas, j'avais besoins de reprendre le contrôle de toute cette merde qui s'infiltrait en moi. Je lui tournai le dos pour m'échapper temporairement de cette confusion.

Ses mains en profitèrent pour se plaquer sur mes hanches et les balancèrent de gauche à droite. Mon cur se serra pour éviter d'exploser. Elles m'attirèrent contre son corps. Ses épaules s'enroulaient autour de moi m'obligeant à lui laisser la direction de mes mouvements. Dès que son souffle chaud s'insinuait sur ma peau, j'en avais la chaire de poule. Il me passa une main hésitante dans mes cheveux pour dégager mon cou et y enfouir son visage. Il me respirait, s'imprégnant de mon odeur. Mes jambes en furent coupées. Je sentais son désir pour moi, son désir m'emportait et m'effrayait d'autant. Ses mains glissèrent sur mon ventre et m'enserrèrent à la limite de l'étouffement. Je pourrais m'évanouir dans ses bras à cet instant, et c'était bien ce qui me perturbait. Comment pouvait-il avoir ce pouvoir sur moi? En quoi était-il différent de ceux qui je repoussais sans mal et sans scrupule depuis des mois?

J'avais chaud, tellement chaud, à en perdre connaissance. Il fallait que je me rafraichisse d'urgence, que je m'éloigne de Sacha et de son corps brûlant. Il le fallait... Je mis mes mains doucement sur les siennes. Sa peau, sa peau, je me fondais en elle. Je pris sur moi pour écarter ses bras. Avant de m'éloigner de lui, je lui glissai dans l'oreille que je devais aller au toilettes. Rien que le fait de rapprocher mes lèvres de son oreille, ma volonté s'étiolait. Je devais faire vite avant de succomber à l'appel de ses lèvres.

Sans un regard en arrière, je me pressai aux toilettes. Il y avait un monde fou à attendre en fil indienne son tour. J'espérai que le mien ne tarderait pas trop. Mon corps ruisselait de toute part, mes cheveux se collaient sur mon front, et dans quelques minutes, si je ne parvenais pas à en baisser la température, ma robe dorée en porterait les traces disgracieuses. Heureusement, la file avançait à un rythme raisonnable. Qu'en vint mon tour d'y entrer, je me jetai sur les lavabos pour me passer de l'eau sur le front, la nuque et le décolleté. La fraîcheur de l'eau me fit tressaillir et me soulagea immédiatement. Une fois le feu éteint, je profitai de ma présence dans ces sanitaires pour alléger ma vessie qui était elle aussi au bord de l'implosion.

Il fut aussi dur de sortir de ces toilettes que d'y entrer. Je dus passer entre des mecs avinés qui s'étaient attroupés juste à la sortie. A mon passage, je sentis une main se poser lourdement sur mes fesses, ce qui me fit raidir automatiquement. Les poings serrés, je me retournai pour voir qui en était l'auteur.

- Bordel, c'est qui le putain... le connard... le fils de

Les mots s'affolaient dans ma tête et peinaient à s'enchainer correctement. Seules les insultes fusaient distinctement. Un grand gaillard, au visage difforme me toisa avec un air lubrique des plus repoussants, qui attisa ma colère.

- Wo wo, calme-toi, me fit-il moqueur les mains en avant. C'est pas joli des mots comme ça dans la bouche d'une beauté pareille. J'y mettrai bien autre chose moi!

Une nuit et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant