71. Aux faux-semblant

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Sacha avait entrouvert la bouche sans qu'aucun son ne sorte. Tout son corps s'était figé en une fraction de seconde.

Quoi? Qu'est-ce qui se passait?

Non!

Ces mots n'avaient pas vraiment franchis mes lèvres. Les yeux écarquillés de Sacha disaient le contraire.

Nooooonnnnnnn...

Ils me dévisageaient avec perplexité.

Siiiiiiiiii!!!!!!

Noooonnnnnn....

Quelle conne, quelle conne, quelle conne!!!!

Je me mordis les lèvres comme si ça pouvait servir à quelque chose. Trop tard! Le mal était fait. C'était avant que j'aurais dû fermer ma bouche! Mon coeur tambourinait à tout rompre dans ma cage thoracique alors que tous mes autres muscles n'étaient capables d'aucun mouvement. Ils étaient comme paralysés.

Après des secondes interminables, les lèvres de Sacha reprirent vie. Son buste s'éloigna de moi. Ses yeux changèrent d'expression. Et tout d'un coup, Sacha éclata de rire.

C'était pire que tout. Je n'étais plus simplement gênée, j'étais carrément vexée. Humiliée de m'être livrée sans le vouloir. Humiliée par ses rires qui se moquaient ouvertement de mes sentiments. C'en était trop! Plus que je ne pouvais le supporter.

Et puis, quels sentiments? Je me demandais ce qui avait bien pu se passer dans ma tête. Je t'aime. Non mais n'importe quoi! Oui, je l'aimais bien, c'est sûr mais pas à ce point!!! Qu'est-ce qu'il m'avait pris? Ah pour faire fuir un mec, je savais y faire!

J'étais en colère contre moi, contre lui, contre mon cerveau qui me jouait des tours et me faisait dire n'importe quoi. Et le rire de Sacha parachevait mon malaise. Oh non, je n'allais pas pleurer! Pas encore! Je sentis mes larmes poindre au coin de mes yeux. J'avais peur de perdre le contrôle, je tentai de les maîtriser le mieux que je le pouvais. Je me levais du muret maladroitement pour me dégager de la vue de Sacha et faillis perdre l'équilibre. Sacha ne riait plus. C'était déjà ça.

-Je... Je... j... hésitait-il.

J'aurais voulu disparaître sur le champ. Je ne voulais pas entendre son mépris. C'était déjà assez douloureux comme ça.

-Non, ne dis rien, l'interrompis-je en postant une main ferme devant lui, avant qu'il ne s'enfonce et me blesse encore plus. Y a rien à dire. Je n'aurais pas dû fumer, débitai-je en m'agrippant à la couverture qui glissait de mes épaules.

Dans un sursaut de dignité, je relevai la tête.

-Je vais y aller. Enfin, aller me coucher. Dans la chambre avec Camille... Je parle trop. Désolée pour tout.

Je commençai à m'éloigner quand Sacha me rattrapa par le poignet.

-Je ne m'attendais pas à ça, dit-il comme seule explication.

Moi non plus! Je ne m'attendais pas à prononcer ces mots et encore moins à subir des moqueries en retour.

Je fulminai intérieurement.

-Non franchement, ne pars pas, je ne voulais pas te vexer! C'est que ça m'a coupé le souffle. Putain, j'suis resté con. Hé, c'est pas tous les jours que j'ai le droit à une déclaration d'amour.

Je roulai des yeux et retirai rageusement mon poignet de son étreinte.

-C'en était pas une! ripostai-je en serrant mes poings.

J'étais nulle en défense.

-Okay, j'ai réagi comme un connard... Tu m'as pris de court aussi!!! s'offusqua-t-il. J'étais pas préparé à ça!

Une nuit et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant