66. Les lois de l'attraction

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Cette voix. Sa voix. Sacha avait surgi derrière moi, me faisant sursauter au passage. Il avait couru; sa voix était un peu essoufflée.

-Ana, répéta-t-il doucement. Attends.

J'arrêtai mon pas et me tournai vers lui.

-Tu pars? demanda-t-il.

-Oui.

A l'évidence.

-Allez les filles, prêtes pour faire la fête? beugla Jonas à notre attention.

Nous précédant, il n'avait pas remarqué la présence de Sacha derrière. Quand il se retourna vers nous, son enthousiasme s'arrêta net. Son visage se crispa et son regard se durcit.

-Qu'est-ce qui fait là, lui? gronda-t-il.

Arrête Jonas!

Spontanément, je m'interposai entre les deux. Savait-on jamais. Camille tira Jonas par le bras pour qu'il nous laisse seuls, Sacha et moi. Nous les observâmes s'éloigner. Une fois à une bonne distance, Sacha sortit de son silence:

-C'est qui?

Inutile de se demander de qui il parlait. Je n'eus pas besoin de suivre son regard menaçant.

-Mon cousin, tempérai-je. C'est mon cousin. Jonas.

-Pourquoi tu ne me l'as pas dit tout à l'heure?

-Tu ne m'en as pas laissé le temps.

Il prit une grande inspiration. Ses yeux partirent dans le vide.

-Putain!!! s'énerva-t-il en secouant la tête, les mâchoires serrées.

Qu'est-ce qu'il lui prenait? Il ne me croyait pas ou quoi? Mais pourquoi?

-Je te jure, c'est juste mon cousin.

Il avança vers moi, réduisant dangereusement la distance entre nous.

-Je m'en fous.

Je fis un pas en arrière. Ses traits étaient tendus, ses muscles bandés. Je ne comprenais pas. Mon coeur se serra.

-Ca me bouffe de l'intérieur, ajouta-t-il en cognant son poing sur la poitrine.

Je ne le suivais pas. J'étais perdue. Je ne bougeais plus. Sacha se gratta la nuque, fit un pas de côté et alluma une cigarette en la protégeant du vent d'une main nerveuse. Il rejetait la fumée longuement. Il essayait de se calmer. Sans m'adresser un regard, il poursuivit:

-Toi.

-Moi?

Mes yeux se plissèrent. Que voulait-il dire par là?

-Ca me saoule...

Je croisai les bras, en me mordant les lèvres. Sa tension me contaminait. J'avais peur de ce qu'il allait dire. Où voulait-il en venir?

-... j'arrive pas à t'ignorer.

J'étais perplexe. Je ne savais pas comment recevoir cette information. Et puis, pourquoi voulait-il m'ignorer? Je ne voulais pas qu'il m'ignore!

-Je... euh... cafouillai-je.

Mes mains étaient moites, ma respiration rapide. Ses yeux fixaient le sol. Il passa une main dans ses cheveux pour dégager les mèches qui lui tombaient devant les yeux.

-Eh merde!

Il écrasa sa cigarette à peine consumée, avança vers moi, posa ses mains en coupelle autour de mon visage et m'embrassa avec fougue. Sa langue prit possession de ma bouche avec vigueur. J'écarquillai les yeux, surprise. Son avidité m'emporta. Mes yeux se fermèrent. Je m'abandonnai à ses lèvres humides et gourmandes. Lorsqu'elles se détachèrent, il me fallut quelques secondes pour recouvrer mes esprits. Ses yeux s'ancrèrent dans les miens, ses mains maintenant mon visage vers le sien.

Une nuit et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant