17. L'heure de vérité

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(Flashback -je ne sais pas encore comment je vais introduire les flashback pour qu'ils soient parfaitement identifiables à la lecture mais j'y réfléchis)

DIMANCHE 01:23

- Allez, viens danser!! me supplia Elise tendant ses bras dans ma direction... S'il te plait, viens danser!!

Assise sur les banquettes d'un rouge indéfinissable, rongées par le temps et brûlées par les cigarettes de clients négligents, je n'avais aucune envie de la rejoindre, encore toute sonnée par la découverte de la veille. Je ne réalisais pas qu'entre Guillaume et moi, c'était définitivement terminé. Il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière. J'étais effondrée. J'avais tellement mal. Et je lui en voulais, j'étais en colère contre lui. Comment avait-il pu tout gâcher? Qu'est-ce que cette pouffiasse avait de plus que moi? Je n'en revenais pas qu'il ait pu se retourner vers une fille aussi vulgaire. Lui qui disait les avoir en horreur et leur préférer une fille naturelle et jolie comme moi, il avait bien vite renoncé à ses principes.

Que valaient ses paroles dans ce contexte? Je remettais en question toutes les promesses qu'il m'avait faite toutes ces années. Où étaient passés les projets, qu'on passait des journées entières, à se construire? En une fraction de seconde, tout avait été balayé par une tempête qui dévastait les vestiges de mes rêves à deux. Cette colère et toute cette déception pesaient de tout leur poids sur mon corps fatigué. Mes larmes s'étaient déversées avec toute mon énergie vitale. Je n'avais plus de force, je me sentais épuisée. Je ne me reconnaissais pas dans ces garçons et fille qui défilaient devant moi, criant leur plaisir à se retrouver au rythme des morceaux des années 80, dont l'omniprésence me désespérait d'avantage. Leur joie de vivre me crachait au visage. Les étreintes et les débordements d'affection me donnait envie de vomir. Je n'avais aucune envie d'être là. 

Je fus prise d'un soudain besoin viscéral de rejoindre Guillaume, qu'il me dise que rien de tout cela n'avait eu lieu. J'étais prête à entendre tous les mensonges qu'il pouvait me dégorger du moment que je puisse une seconde me blottir dans ses bras et humer son odeur musquée qui m'avait envoûtée au fil des années. Je voulais pouvoir passer une dernière fois ma main dans ses cheveux couleur du blé, embrasser sa peau douce et ferme, et ouvrir mes yeux pour plonger dans le bleu de ses yeux. Les larmes me montèrent aux yeux.

- Tiens, prends ça, c'est bon pour ce que t'as! m'enjoignit Elise en me tendant un verre dont j'ignorais tout du contenu ou plutôt de la nature de l'alcool qu'il contenait.

Elle s'était installée à côté de moi après avoir décalé Manu qui lorgnait sans aucun scrupule sur le généreux décolleté de sa voisine de la table adjacente. Il était clairement en train de tester sa fameuse technique d'approche de la femelle en rut dans son milieu naturel, comme il s'amusait à la nommer. En d'autres termes, il s'agissait d'isoler sa proie, préférentiellement "avec du monde au balcon" selon ses termes, de marquer sa supériorité hiérarchique auprès des autres mâles qui pourraient la briguer et de refermer le piège à coup de flatteries diverses et de gin tonic. Il disait sa technique infaillible. Aux vues des regards désabusés que lui lançaient sa belle, elle l'était beaucoup moins.    

- C'est un whisky-coc'... m'annonça Elise en réponse à mon air dubitatif.

- Non merci, ça ne me dit rien, fis-je avec une moue peu motivée.

- Ah non, ce soir, pas de mijaurée qui tienne, s'énerva-t-elle en me mettant un peu plus le verre sous le nez. Tu vas boire ce putain de verre et tu vas t'amuser! Hors de question que ce connard...

- C'est pas un connard, rectifiai-je sans conviction.

- Oh si c'est un connard pour t'avoir plantée comme ça! Et il ne va pas bousiller notre soirée!

Une nuit et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant