Bleu. J'avais opté pour le bleu. J'observais, dubitative, la résine qui immobilisait mon poignet. C'était moche. Mais les autres options n'en avaient pas vraiment été: rose ou violet. La peste ou le choléra. Tu parlais d'un choix! Je n'avais pas réussi à remettre ni mon pull ni mon manteau par-dessus. Il faudrait que j'adapte mes tenues à ce nouvel accessoire. Andrej m'avait aidé à les poser sur mes épaules pour me tenir chaud mais c'était loin d'être suffisant. L'automne courrait vers l'hiver et le vent s'engouffrait sous mes vêtements. J'étais frigorifiée. Dieu merci, Andrej augmenta le chauffage dans l'habitacle de la voiture. Selon l'interne, j'en avais pour trois semaines. Peut-être plus; tout dépendait de la façon dont mes os se répareraient. D'ici là, je devais éviter de me servir de ma main. La droite évidemment, ça aurait été trop facile sinon! Je soupirai lourdement. Il ne me manquait plus que ça. Un bon coup au moral pour me rappeler que je ne m'en sortirais pas si facilement.
-Arrête de tirer la tronche! me reprocha Andrej en détournant ses yeux de la route. Tu devrais être contente, t'as maintenant une bonne excuse pour rien foutre en cours!
-Super... dis-je peu convaincue.
La voiture empruntait la direction du centre ville. J'avais hâte de rentrer chez moi. Les longues heures d'attente aux urgences avaient été éprouvantes et les images qui m'étaient revenue me donnaient envie de tout défoncer. Je n'avais pas besoin de témoin pour assister à ça. J'avais besoin de cogner, de frapper, de crier ma rage... de m'effondrer. Je me contenais mais combien temps pourrais-je arriver à le faire? Je n'y résisterai pas longtemps. Encore trois rues et...
Eh!!! C'était là qu'il fallait tourner!
-On va où? m'inquiétai-je d'un coup en regardant ma rue s'éloigner.
-On va se biturer chez Adam! On l'a bien mérité!
-Non!!! grognai-je avant de reprendre moins agressivement. Je préfère que tu me déposes chez moi si ça ne te dérange pas...
-Attends, je me suis fais chier comme un rat mort toute la journée, tu vas pas t'en tirer comme ça et me planter maintenant. Tu me dois bien ça!
Je scellai mes lèvres de crainte de laisser échapper des mots que je regretterai... Ou pas. Merde, je n'avais rien demandé à personne! Je voulais juste rentrer chez moi, je ne devais rien à personne. Et surtout pas à Andrej! Je ne l'avais en rien forcé à se taper les urgences avec moi!
-Pourquoi t'insistes? rétorquai-je hargneuse. J'ai pas envie. C'est pas comme si on était potes tous les deux. Pourquoi tu fais ça?
J'abusais, je le savais. Comment faire autrement? Je sentais que j'allais péter les plombs d'une seconde à l'autre. Je devais respirer, me ressaisir, rapidement.
-Tu veux vraiment qu'on creuse la question maintenant? me répondit-il froidement.
Il fit une pause pour me laisser le temps d'y réfléchir. Son air énigmatique et autoritaire me fit revenir sur mes positions. Qu'est-ce qu'il voulait qu'on creuse comme question? J'avais eu ma dose de trucs qui craignaient aujourd'hui, je passais mon tour cette fois-ci. Je resterai une heure tout au plus et me tirerait.
-T'as gagné, je te suis... cédai-je à contre-coeur. Content?
La perspective de passer plus de temps avec Andrej était loin de m'enchanter. Un putain d'euphémisme. En tête à tête en plus. Bon, jusque-là, on ne s'était ni injurié, ni tapé dessus. C'était plutôt positif. J'avais des chances d'y survivre. Et lui aussi. Mais, pourquoi est-ce qu'il s'imposait ma présence? Était-ce sous la pression de Sacha? Je ne savais pas trop quoi en penser. Qu'avait-il à y gagner?
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Une nuit et un jour
Lãng mạnL'université. Une page qui se tourne sur le lycée. Des promesses d'une nouvelle vie et un autre avenir... Effacer cette nuit où tout a basculé et chaque jour faire un nouveau pas. Partir en laissant derrière elle sa vie d'avant. Avec pour seul...