T OU?
DSL, J'ARRIVE. J'T'EXPLIQUERAI.
Cinq minutes que j'attendais Camille à la P'tite Cafét' où elle m'avait donnée plus tôt dans la matinée. Déprimée au-dessus de mon café qui refroidissait, j'aurais bien fait demi-tour pour me réfugier sous ma couette et éviter la confrontation avec un amphi complet d'étudiants qui s'étaient déchainés quelques jours à mon encontre. Les lundi matins n'étaient habituellement pas mon fort mais là, si j'avais pu me noyer dans mon café, j'aurais plongé immédiatement dedans. J'essayai de me raisonner. A tous les coups, le week-end les aurait fait passer à autre chose et je me faisais du mouron pour rien. Ma tentative de rationalisation fut un échec monumental. Et mon humeur maussade empira irrémédiablement.
-Ehhh...
Camille s'approcha avec son éternel sourire dont elle ne semblait jamais se départir. Comment faisait-elle pour être aussi lumineuse? Je n'en avais pas le début d'une fichue réponse. Et j'avais l'impression d'être encore plus terne au regard de l'halo qui l'accompagnait. Elle ne pouvait assurément laisser personne indifférent. Ses yeux vairons et ses cheveux auburns y contribuaient sans aucun doute. Mais, il y avait quelque chose d'autre. Un truc en plus que je ne parvenais pas encore à nommer. Une étincelle qui pouvait la faire briller dans une foule comme l'étoile du berger qui éteignait d'un coup l'éclat des autres astres.
Haletante et les joues rouges probablement d'avoir hâté le pas, elle se pencha vers moi pour me faire la bise avant de s'affaler sur la chaise en face de moi. Une mêche de ses cheveux rouges lui tomba devant les yeux et elle souffla à bout de force vers son front pour le dégager. Face à cet échec patent, elle la chassa d'une main faiblarde et la coinça derrière son oreille.
-J'te jure, c'est crevant d'avoir un mec! se plaignit-elle en souriant. Il me tue...
Ses mots moururent dans son sourire béat. Elle fit tomber son sac en bandoulière sur le sol et y plongea ses mains pour en sortir un portefeuille en cuir beige siglé d'une grande marque de maroquinerie. Je n'en avais vu que sur les pages de publicités des magazines féminins. Nous n'étions clairement pas du même monde.
-Tu reprends un café avec moi?
Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche pour refuser qu'elle était déjà arrivée au comptoir. C'était une véritable tornade ce matin. Je ne savais pas comment j'arriverai à suivre son rythme. Moi et ma dépressivité de ce matin aurons beaucoup de mal à répondre à sa gaieté. Heureusement qu'elle se disait vannée. J'étais contente de la voir, qu'elle ait pensé à moi et m'ait proposé qu'on se rejoigne avant le premier cours. Elle m'offrait un sas de décompression avant ma plongée en apnée parmi les requins. Avant qu'elle déposa les tasses fumantes sur la petite table ronde, je m'étais empressée de finir mon café trop froid. Beurk! Fallait pas gâcher. Je savais que c'était tordu mais j'avais été élevée comme ça!
-Alors prête à faire fermer leur gueule à tous nos connards de camarades de promo!!!
En une phrase, elle me redonna le sourire. C'était vraiment une alliée de poids. Combative et pleine d'entrain, tout ce qui me faisait défaut ce matin.
-Putain je sens que je vais adorer la fac... lui répondis-je d'une moue boudeuse.
-Rien de mieux pour tous les paumés qui ne savent pas quoi faire de leur vie, affirma-t-elle. Et je sais de quoi je parle!
-On se retrouve sur ce point, confirmai-je.
Je manquai de me bruler en mettant mes lèvres sur le rebord de la tasse. Le café était cette fois-ci bouillant.
-Sinon, ton week-end? m'intéressai-je en reposant la tasse.
-Tu veux que je te raconte le concert auquel tu m'as fait faux-bond?
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Une nuit et un jour
RomanceL'université. Une page qui se tourne sur le lycée. Des promesses d'une nouvelle vie et un autre avenir... Effacer cette nuit où tout a basculé et chaque jour faire un nouveau pas. Partir en laissant derrière elle sa vie d'avant. Avec pour seul...