69. Plus de peur que de mal

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-Tu as vu Camille? me demanda Jonas innocemment.

Comment ça? Elle était supposée être avec toi! Et toi, t'étais pas censé veiller sur elle?

-Je sais pas où... se justifia-t-il en réponse à mon air interloqué. Elle m'a dit qu'elle ne se sentait pas bien, qu'elle avait envie de vomir, elle...

-Et? le pressai-je. Elle est où maintenant?

-Je suis allé voir du côté des chiottes. J'ai attendu... mais personne. Elle est pas avec vous dehors?

-Ben oui, tu vois bien!!! l'engueulai-je en me tournant des deux côtés pour lui démontrer l'absurdité de sa question.

Je paniquai. Bordel, elle était où? Quel crétin de l'avoir laissée partir toute seule dans cet état! Avec tout ce qu'elle avait bu depuis le début de la soirée! Je lui en voulais, j'avais envie de l'étriper. Putain! Pire encore, je me haïssais. Je savais trop bien les risques qu'encourrait une fille bourrée dans ce type d'endroits. Trop de mecs sans scrupules y trainaient, trop d'ordures s'y donnaient rendez-vous dans l'attente de telles proies. Au lieu de rester à ses côtés et de m'assurer qu'elle allait bien, j'avais préféré l'abandonner pour Sacha. Une rage sourde m'envahit. Si jamais, il lui était arrivé quoi que ce soit... Non!!! Il fallait que je chasse immédiatement cette sombre perspective de ma tête.

-Elle ne doit pas être partie bien loin, tentait de dédramatiser Jonas.

Moi non plus, je n'étais pas partie bien loin! Juste sur ce putain de parking et pourtant...

-On va la retrouver, t'inquiète! ajoutait-il avec un petit sourire se voulant rassurant. Elle est bien quelque part...

J'aurais pu le gifler juste pour effacer le sourire de son visage. Qu'en savait-il? Et dans quel état pourrions-nous la retrouver? Il n'en savait fichtrement rien! Mieux valait qu'il se taise et qu'il efface ce putain de sourire!

Jonas dut déceler la fureur qui grandissait en moins.

-Ca va? T'es sûre que tu vas bien.

Me calmer, je devais me calmer. Il n'y était pour rien. Je le savais bien. C'était contre moi que devait être tournée cette colère. C'était ma faute.

-Oui, oui. Je vais faire un tour aux toilettes. Peut-être que...

Je ne pris pas le temps de pousser les explications. Sans plus attendre, je fendis la foule en direction des sanitaires. Je vacillais sur mes jambes, tandis que je poussais sans ménagement les gens qui se trouvaient sur mon passage. La colère laissait place à la panique. Où était-elle? Je remontai la file d'attente des filles qui se pressaient pour se soulager ou se refaire une beauté. Ces dernières m'invectivèrent quand je poussai la porte d'un des cabinets qui venait tout juste de s'entrouvrir.

-Camille?

La brune, qui en sortait, sursauta en se retrouvant nez à nez avec moi.

-Ca va pas la tête? T'as un problème?

Je l'ignorais. Je n'avais pas le temps. Il fallait que je retrouve Camille au plus vite. Je cognais sur les portes fermées et m'accroupissait pour regarder dessous en criant son prénom à tue-tête.

Camille, bon sang! Où tu te caches, merde?

Mon attitude m'avait value quelques insultes au passage mais je m'en foutais. Plus les minutes passaient, plus mon angoisse culminait. Mon cur se serrait comme dans un étau. Ma respiration se suspendait à chaque fois que des flashs de Camille, désespérée, le visage tuméfié, parvenaient à ma conscience. Il me fallait rassembler toutes mes forces pour ne pas que ces images me paralysent.

Une nuit et un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant