Concours de Noël 2016

Hedgye

L'épais lit de neige recouvrait la montagne depuis bientôt deux heures, les flocons ne cessaient de tomber par millier. J'observais les skieurs, les plus courageux, descendre à toute allure la piste. Le son du bois crépitant à mes côtés me rappelait qu'il faisait bien plus chaud dans le chalet qu'à l'extérieur.

Je frissonnais, tirant sur les manches de mon pull, je rêvais d'un bon café. Je tentais de m'installer confortablement dans mon fauteuil, ma cheville droite complètement immobilisée dans son bandage. J'avais froid à force de ne pas bouger.

Portant à nouveau mon regard sur la piste, je reconnus la combinaison d'Alex filait vers le bas. Alex était un véritable inconnu, j'avais accepté d'un premier rencard au ski et tout avait tourné en catastrophe. Il devait me détester pour rester sur la piste après cette chute mémorable.

Et dire qu'il commençait à vraiment me plaire, je ne savais juste pas skier et comme il semblait si excité de m'inviter ici, j'avais bêtement accepté. A peine arrivée que j'avais déjà ruiné son week-end à la neige.

J'aurai bien appelé ma mère pour venir me récupérer, mais j'aurais aimé m'excuser auprès d'Alex. En y pensant de toutes mes forces, il apparut essoufflé sur le pas de la porte. J'osai à peine croiser son regard, il devait être furieux.

Il retira ses bottes et sa combinaison, dévoilant un pull en cachemire bordeaux, les traits de ses muscles apparaissant dessous. Je rougis quand il passa sa main dans ses cheveux bouclés et soudain son regard se porta sur moi.

Je détournai aussitôt la tête, me concentrant de nouveau sur le décor à l'extérieur, la fenêtre me semblait bien plus petite maintenant. Je l'entendis s'activer à d'autres choses, râler à haute voix. Quand allait venir le moment où il se mettra en colère et me demandera de partir de mes propres moyens, avec ou sans cheville foulée.

Je l'entendis revenir à mes côtés, prenant place dans le canapé en face de moi. Il tenait une tasse de café bouillante et me la tendit sans rien dire. Je l'approchai de ma bouche, sentant par la même occasion l'odeur de l'arabica et des épices de Noël. Je souris en buvant le breuvage lentement.

– Tu n'as pas froid ? Tu veux que je remette du bois dans la cheminée ?

Je secouai la tête, m'attardant dans son regard noisette, observant ses boucles brunes retombées sur son front halé. Un tendre sourire se dessina sur son visage. Je baissai le regard en regardant mes pieds.

– Je suis désolée d'être tombée...

Alex se mit à rire et passa sa main sur ma jambe tendue vers l'avant. Je frissonnai au contact et il retira sa main de gêne.

– Mais ça n'est pas grave Marine, tu aurais pu me dire que tu ne savais pas skier.

Je me sentis encore plus bête, tortillant mes doigts autour de ma tasse en porcelaine, j'avais fait ça pour l'impressionner, je ne pensais pas que le ski était un sport aussi difficile.

– J'ai juste bien ri, en voyant ta tête ahurie quand les skis ont glissé, se moqua Alex en reposant sa main sur moi, cette fois-ci plus haut, sur ma cuisse.

Ma respiration se stoppa, son touché était si doux si délicat avec moi, j'aurais pourtant juré qu'il serait fâché de raccourcir son week-end ici.

– C'est aussi ma faute, quelle idée de faire un premier rencard au ski ? Avec une fille aussi jolie, je devrais plutôt avoir peur de la casser, tu ne crois pas ?

– Je ne suis pas fragile, répondis-je peu sûre de moi.

Alex me sourit en caressant ma cuisse tout en gardant un regard insistant sur moi.

– Au moins je suis certain que tu ne te sauveras pas...

– Pourquoi ?

Il se pencha davantage sur moi, ses mains glissant jusqu'à mon cou qu'il saisit pour me retenir près de lui.

– Si jamais j'ai envie de t'embrasser...

Je déglutis et comme je ne pouvais pas fuir, ses lèvres se posèrent tendrement sur les miennes, les siennes étaient froides contre les miennes brûlantes.

– On va quand même passer un bon week-end je pense, affirma Alex en me tirant à lui.

– Ouille ! Criai-je quand il s'appuya sur ma cheville.

– Pardon, je vais devoir faire avec ça aussi, me taquina-t-il en récupérant la tasse.

– Tu pourrais m'en faire un deuxième ?

– Je t'avais dit que j'étais le roi du café ?

HEDGYE