Concours de Noël 2016

Volta-Os/Travalia

La phase terminale du cancer de Line s'était déclenchée le dimanche quatre décembre 2036, trois longues années d'hospitalisation qui n'auront servies à rien. Elle avait peur, elle ne voulait pas mourir, elle aimait sa famille. Du haut de ses trente ans elle n'arrivait pas à se résoudre à quitter ce monde, elle avait une adorable petite fille et un tendre mari, elle ne voulait les quitter pour rien au monde. Sa respiration devenait lourde de jour en jour, ses jambes ne répondaient plus à force d'être inactive et elle avait maintenant des tuyaux dans le nez pour l'aider à respirer. Même en la voyant sur le porche de son âme elle refusait d'accepter qu'elle allait mourir, fauchée par la Mort.

Son époux, leur fille et leur famille allait passer le réveillon avec elle, dans sa chambre d'hôpital. Elle attendait ce jour avec impatience, espérait tenir jusque là. Elle était sur liste d'attente pour recevoir un poumon mais -et heureusement- il n'y avait pas des morts tous les jours, une fois où elle s'était rendue compte qu'elle espérait qu'un poumon arrive vite elle en avait pleuré toute la nuit. Elle ne voulait la mort de personne, mais elle voulait voir sa fille grandir. Elle était face au pire des dilemmes.

Dans quatre jours sa famille se réunirait dans sa chambre, ils discuteraient, riraient et se câlineraient. Le plus triste réveillons de sa vie. Trois coups retentirent à sa porte et ses sombres pensées furent balayées en un clin d'œil: son mari et sa fille étaient enfin arrivés. Un grand homme ouvrit la porte, il avait un bouquet de fleurs à la main, et une petite blonde se précipita vers le lit. Cela faisait maintenant dix ans qu'elle était mariée à ce doux auteur aux cheveux chocolats et aux yeux marrons avec une pointe de doré, ils s'étaient rencontrés à la chorale de Noël alors qu'il avait quatorze ans et qu'elle en avait douze. Depuis c'était l'amour fou et ils étaient inséparables. Dix ans plus tard, elle donnait naissance à leur petite fille, Louna. Une pile électrique qui possédait la chevelure blonde que sa mère avait perdue et les yeux de son père.

Louna grimpa sur le lit de sa mère pour se blottir dans ses bras tandis que le chocolat s'asseyait au bord du lit après avoir changer les fleurs. Ils venaient pratiquement tous les jours, leur présence lui faisait du bien. Mais les jours où ils ne pouvaient se voir elle aimait lire les recueils de contes de son mari, elle caressait tendrement le nom de l'auteur en bas de la couverture: Bastian Renne. Elle dessinait les couvertures et les illustrations, ils avaient fait beaucoup de livres ensemble édités par le père de Bastian. Leurs œuvres étaient des best-sellers, leurs bébés.

-Comment te sens-tu aujourd'hui, ma chérie ? Lui demanda, comme chaque jour, son mari.

-J'ai connu mieux...

Cette réponse était la seule qui était correcte et ne blesserait pas leur blondinette, elle répondrait bien qu'elle était essoufflée, que la chimiothérapie la faisait souffrir et qu'elle ne sentait plus ses jambes mais elle ne le faisait que dans de rares cas où ils étaient seuls. Ils avaient convenus ce code afin de se comprendre, même si leur fille était là. L'enfant caressa la joue fraîche de sa mère et se redressa.

-Tu veux bien me faire des couettes, dis ? Demanda doucement Louna.

-Donne tes chouchous à maman ma puce. Lui répondit la malade en souriant.

La petite court fouiller dans son sac pour en sortir deux chouchous roses, sa mère sort de sa table de cheveux la brosse de sa fille et se met un peu mieux avec l'aide de son mari. L'attention minutieuse qu'il lui portait lui faisait énormément plaisir, même si elle trahissait sa profonde inquiétude pour elle. Elle brossa tendrement la chevelure de l'enfant tandis que celle-ci lui chantait ce qu'elle avait appris avec sa classe. Elle faisait des fautes de rythmes à cause de son jeune âge, mais sa voix n'avait jamais retenti aussi joliment dans les oreilles de sa mère et de son père. Un moment de pure innocence qui tira des larmes à Line que sa fille ne pouvait voir, le chocolat posa sa main sur la hanche de sa femme avec douceur.