8 décembre 1915 :
Depuis deux jours, mes larmes ne cessent de couler quand je le vois préparer son sac, quand son regard croise le mien.
Ils sont venus à la maison avec un courrier officiel obligeant Michaël à rejoindre l'armée, pour l'obliger à prendre part à la guerre. Du haut de ses vingt-deux ans, il a hoché la tête. En sentant la tristesse qui émanait de moi, il m'a répondu que cela était son devoir.
Voilà trois mois que nous sommes mariés et il s'en va. Il s'en va et il ne reviendra peut-être pas. Rien que le fait d'y penser, j'ai la gorge nouée.
Ce soir, c'est son dernier moment à la maison. La neige est tombée en masse la nuit dernière et le froid est horripilant. Assise sur une chaise à côté de la fenêtre, mon regard se perd à l'horizon. Plongée dans les souvenirs, j'essaie de ne pas penser à son départ. Il va me manquer, j'en suis persuadée. Je me souviens de notre première rencontre, à la bibliothèque. Nous avions seize ans. J'étais installée à même le sol, absorbée par ma lecture. Il avait grimpé à l'échelle pour saisir un livre sur la mythologie en haut de l'armoire. Je ne sais toujours pas comment il s'y est pris, mais le livre m'est tombé sur la tête, m'assommant un peu. Paniqué, il est descendu pour voir si j'allais bien. Et là... Au premier regard, au premier sourire, mon cœur s'est mis à battre pour lui et le sien pour moi. Il m'a courtisée, nous avons eu plusieurs rendez-vous, il venait régulièrement voir mon père et l'aider à la ferme. Il espérait ainsi avoir ses bonnes grâces pour que mon paternel accepte une union.
Je sors de mes pensées quand je sens une main se poser sur mon épaule.
Je lève les yeux et je l'aperçois me regarder, un faible sourire dessiné sur son visage. Il le sait, tout comme moi. Il ne reviendra pas. A nouveau, les larmes me montent. Il s'agenouille face à moi et caresse ma joue.
-Je t'aime, Sophie. Je t'écrirai chaque jour.
-Je t'aime aussi, Michaël. Je répondrai à chaque lettre.
Son sourire s'élargit et je ne peux m'empêcher de lui répondre.
Il se lève et part dans la pièce à côté. Une musique douce résonne dans la maison. Il revient et me tend la main. Je le regarde, incrédule mais je lui prends tout de même. Il m'attire à lui.
-Danse avec moi, c'est peut-être la dernière fois.
J'acquiesce en silence et me laisse guider par ses pas. Une valse s'improvise et je me laisse emporter par ses bras, par ses sourires, par ses quelques baisers.
Nous dansons ensemble, oubliant le temps, le présent, le futur. Nous vivons l'instant, avide de ce moment qui nous appartient, ce moment qui sera gravé dans notre mémoire à jamais.
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Concours de Noël 2016
Rastgele/!\ INSCRIPTIONS CLOSES /!\ Concours d'écriture d'OS qui va se dérouler sur tout le mois de décembre, comme un calendrier de l'avent version écriture ;) A chaque jour un thème différent Chaque jour on poste les OS du jour ...