Concours de Noël 2016

Volta-Os/Travalia

Il se trouvait au bal organisé par leur conservatoire, attendant sa jolie fiancée. Pour il ne savait quelle raison elle avait tenue à arriver après lui, mais la connaissant il se doutait qu'elle voulait reproduire une de ces scènes dans les films à l'eau de rose. Un cavalier, une magnifique jeune fille et un bal: un classique. Il était fiancé à cette belle brune depuis plus de six mois, mais ils sortaient ensemble depuis bien plus longtemps. Ils s'étaient connus au lycée quand il était en terminale et elle en seconde. Cela fait donc à peu près huit ans que leur idylle amoureuse illumine leurs journées.

Il portait une chemise rouge foncé et un dessus de chemise noire, ses gants étaient aussi rouges que sa chemise, son pantalon était blanc et il portait une belle veste noire et blanche. Il avait acheté cette tenue avec sa belle et il avait hâte qu'elle le voit habillé ainsi avec deux flûtes de champagne à la main. Il s'imagina la demoiselle sous toutes les coutures, allant de sa tenue de soirée et de sa tenue d'amour. Il rougit et secoua sa chevelure rousse, "À quoi tu pense, mec ?!". Il se racla la gorge en jetant des regards gênés autours de lui.

-Fais gaffe tu deviens aussi rouge que tes cheveux!

Il se retourne pour donner un coup de poing dans les abdominaux de son meilleur ami, le garçon passait sa vie à se moquer gentiment de la chevelure du rouquin. Le batteur du groupe esquiva le poing de son ami avant de le maîtriser avec souplesse.

-Tu as encore perdu, Tom. Annonça-t-il en riant.

-C'est pas juste, tu es ceinture noire de karaté, toi. Grommela-Tom et se redressant.

Il admirait son meilleur ami qui savait manier ses baguettes aussi bien que son corps. Il était professionnel au karaté et à la batterie, Tom s'était toujours demander comment il avait fait pour en arriver là en seulement vingt-cinq ans. Ils se connaissaient depuis vingt ans maintenant et aussi loin qu'il se souvienne son ami avait toujours pratiqué ces deux activités.

-Célia n'est toujours pas là ?

-Non. Soupira le rouquin en consultant ses messages. Je me demande ce qu'elle fait...

-Elle se fait belle pour toi, pardi! Ria le batteur en envoyant des baisers dans l'air.

-Vas te faire voir, abrutit! Râla-t-il.

Le garçon partit en riant la laissant seul à attendre l'entrée de son amoureuse, il guettait parmi toutes les magnifiques femmes mais aucune ne brillait plus que sa Célia de tous les jours. La fête avait déjà bien commencé quand elle passa la porte, elle était seule et son aura de lumière brillait comme toujours autours d'elle. Il les admira, elle et sa tenue, un sourire béat vint étirer ses lèvres et elle y répondit avec douceur.

Elle portait une robe bustier blanche dont la jupe froufroutante arrivait à ses genoux sur le devant et à mi-mollets sur le derrière, sa ceinture jaune pâle était sertie d'une rose rouge, elle portait des manches amples attachées à ses bras grâce à un seul ruban beige chacune. Elle portait le collier rouge qu'il lui avait offert pour son anniversaire et des fleurs rouges étaient accrochées à sa chevelure par des épingles. Ses beaux yeux bleus pâles pétillaient et à son annulaire gauche leur bague de fiançailles scintillait. Mais le détail le plus fantastique de sa tenue était les deux ailes blanches qui se déployaient dans son dos, elles étaient tellement réalistes qu'il les verrait presque frémir.

Il s'approcha doucement et lui tendit la main en souriant, ému. Elle sembla absente un instant puis elle prit sa main avec délicatesse, il regretta de porter des gants et de ne pas profiter de la douceur de sa fiancée. Il l'entraîna si la piste de danse, tout le monde semblait s'écarter sur leur chemin et les dévisageait. Célia semblait mal à l'aise alors il commença à valser avec elle en posant un baiser sur ses lèvres, un baiser papillon auquel elle rougit délicieusement.

-Tu es magnifique, mon ange. Lui avoua-t-il en faisant référence aux ailes de la jeune femme.

La brune sourit en rougissant, elle ne semblait pas avoir comprit les allusions de son fiancé mais il s'en fichait, elle était tellement belle. Le couple valsa au centre de la piste et attira tous les regards, ils se fixaient amoureusement dans les yeux et dansaient avec une synchronisation déconcertante. Ils flottaient, il la surprit fredonner doucement la musique dans sa gorge. La musique se finit avec douceur et tous les convives se tournèrent vers l'entrée, des lumières rouges et bleues dansaient dehors. La bonne ambiance se refroidit aussi vite qu'une goutte d'eau abandonnée en plein arctique. Elle caressa la main de son fiancé et il posa ses yeux écarquillés par la surprise sur elle.

-Embrasses-moi... Vite. Le supplia-t-elle.

-Hein ?

-Aller... Embrasses-moi... Insista-t-elle en tirant sa manche pour qu'il se mette à sa hauteur.

Il se pencha pour embrasser la jeune femme larmoyante, il ne comprenait pas. Elle s'agrippa à son cou avec désespoir et approfondit le baiser. Il la serra contre lui avec amour, oubliant le temps de ce baiser la panique qui l'envahissait peu à peu. Que se passait-il, bon sang ?! Quand elle mit fin au baiser elle le regarda avec une tristesse non feinte, le visage de Tom se décomposa.

-Célia... Il se passe quoi ? Dis-moi!

-Je t'aime, Tom. Depuis longtemps. Oublia-t-elle la question du garçon. Depuis le début mon amour n'a cessé de croître. Tu es la meilleure chose qu'il me soit arrivé dans tout ma vie.

-Pourquoi tu me dis tout ça maintenant, Célia ?

C'est alors qu'il vit la fine poussière d'or qui coulait de ses yeux et le long de ses épaules, comme si elle était en train de se désagréger. Il remarqua aussi que ces frétillements d'ailes qu'il liait tout d'abord à leurs pas de danse étaient bien réels, ça se voyait d'autant plus bien qu'elle était maintenant immobile. Son cœur se serra et il la saisit par les épaules avant de la secouer.

-Réponds-moi!!

La porte s'ouvrit avec fracas et le froid de l'hiver envahis la grande salle, des policiers entrèrent en pinçant les lèvres, visiblement tendus. L'un deux, un gros bonhomme d'une quarantaine d'années, s'éclaircit la voix et commença à annoncer.

-Est-ce que Tom Renne est là ?

-Je suis là, oui ? S'étonna-t-il tandis que tous les regards se tournèrent vers lui.

Cet instant d'inattention et sa fiancée avait disparue, il ne restait qu'un tas de poussière d'or qui volait mollement là où elle se trouvait plus tôt. Il s'en rendit compte et détourna immédiatement son attention du policier vers ce qui restait de la brune. Les larmes lui brûlèrent les yeux et il se mit à crier.

-Célia!! Où es-tu ?!

-Célia Wons ? L'interrogea le gros policier. Malheureusement votre fiancée est dehors.

Il ne fut pas le seul à être ahuri de cette réponse, tous les avaient vu danser ensemble, tous avaient assisté à l'entrée de la belle demoiselle. Il se précipita néanmoins dehors vers les lumières des gyrophares. À plusieurs mètres un attroupement de camions de pompiers et de voitures de police hurlaient dans la nuit, il y courut en poussant tous les professionnels.

Il tomba à genoux, écorchant son pantalon blanc et grelottant de froid. Face à lui la belle voiture de sa dulcinée était totalement accidentée sur l'avant et les vitres étaient brisées. Il tourna lentement la tête vers les brancardiers qui le regardaient d'un air désolé, ils s'écartèrent pour laisser apparaître leur brancard. Il se traîna vers sa dulcinée, son beau visage était lacéré de coupure et un trou béant dans son ventre saignait le dernier litre de sang de la jeune femme. Son visage figé dans une expression paisible donnait du mal à croire qu'elle était morte d'une si violente manière.

Morte. Oui, elle était morte. Alors qu'il y a à peine quelque minutes il dansait amoureusement avec elle, il n'arrivait pas à y croire. Il prit sa main en tremblant et gémit le nom de la jeune femme, puis il se mit à crier et s'écroula en larmes son le corps froid de celle qu'il aimait. "Pourquoi...". "Pourquoi nous ?" Se questionnait-il. Puis il revit à l'esprit amoureux de Célia qui tout à l'heure avec qui il avait partagé un dernière danse.

-Célia...