SabrinaCatrain

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La maladie, sous toutes ses formes, marque un être à tout jamais. La notion du temps est différente selon la gravité de celle-ci, d'un simple rhume, guérit en quelques jours et le cancer avec des traitements éprouvants, épuisants, déroutants, ne se guérit pas seulement en quelques jours, mais seulement après plusieurs semaines, vous laissant des marques indélébiles sur le corps, mais aussi dans votre tête. Si toutefois il guérit...

Cette putain de maladie touche n'importe qui. Que vous soyez le pire des connard hypocrite ou d'une gentillesse dans le cœur et l'âme, elle vous touche de plein fouet, commettant des dommages collatéraux auxquels vous voudriez échapper, mais en vain.

La vie n'a plus du tout le même sens, les priorités changent, la vision du monde change, la personne change, votre entourage change, façonnant un nouveau monde autour de soi.

Cette saloperie de maladie a touché ma femme... Ma magnifique épouse... La mère de mes merveilleux enfants qu'elle m'a offert bien des années plus tôt. Les traitements l'ont tellement épuisée, que la force a quitté son corps pour laisser place à une poupée de chiffon. Légère comme une plume, une simple enveloppe osseuse me fait verser mes larmes à flots tous les jours que Dieu fait. Mais dans l'histoire, Dieu ne l'a pas épargnée et je le déteste comme je me raccroche à lui, priant silencieusement pour qu'il me rende la femme que j'aime, égoïstement.

Les fêtes de Noël approchent à grands pas et je décore la maison, parce qu'elle me l'a demandé avec cette petite voix qui me fait frissonner. Elle me regarde, les yeux pétillants parce que son âme torturé est toujours, malgré tout, aussi belle et bien présente.

Son sourire taquin parce que la guirlande n'est pas correctement placée me fait sourire moi aussi. Dans son fauteuil, un livre à la main, elle scrute inlassablement mes faits et gestes, comme pour les imprégner à jamais dans sa mémoire. Mon cœur pleure à chaude larmes, mais je reste fort pour elle, préférant cacher ma tristesse et lui laisser cette image de l'homme heureux qu'elle a fait de moi.

Une musique de fond égaye un peu l'ambiance de la maison, puis notre chanson passe à la radio. Cette chanson, sur laquelle nous avons fait l'amour pour la première fois. Où nous avons dansé le jour de notre mariage, nous rappelant les jours heureux, comme celui d'aujourd'hui, parce qu'elle se sent bien, sans douleur, sans larmes et sans peur du lendemain.

J'arrive à pas de loup vers elle et passe un bras sous ses genoux puis un autre derrière ses épaules et la soulève contre moi. Collant son corps frêle contre le mien , elle rit et me demande de la reposer sans vraiment le vouloir et je le sais. Elle n'a jamais su me mentir et encore moins aujourd'hui.

- Pose mes pieds sur les tiens s'il te plait, me demande-t-elle.

Délicatement, je la place debout devant moi et ses pieds sur les miens bougent au même rythme sans problème. Sa tête se pose contre mon cœur ainsi qu'une main saisie dans la mienne et l'autre s'entoure autour de moi. Mon nez dans ses cheveux, mon bras la maintenant contre mon corps, nous nous enlaçons comme si c'était la dernière danse.

J'hume son odeur et m'en imprègne chaque cellules de mon corps, je dessine au travers de mes paupières, la courbe de ses reins, la rondeur de ses seins, la douceur de sa peau d'autrefois. C'était hier et cette image d'elle je l'ai encore aujourd'hui et la veux encore demain dans ma mémoire.

- Je t'aime mon amour, me chuchote t-elle contre mon cœur qui bat pour elle.

- Je t'aime aussi mon cœur, lui répondis-je en versant cette unique larme que je m'autorise.

Cette dernière danse reste et restera dans mon âme et dans mon cœur à tout jamais, dans les bras de la femme que je n'ai jamais cessée d'aimer.

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now