DiamantCéleste

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Il était une fois, une jeune femme appréciée par tout le royaume. Elle n'habitait pas un lieu précis, elle préférait, telle une gitane, voyager avec sa roulotte à travers le monde. Elle changeait ainsi de village toutes les semaines, elle répandait la joie de vivre sur son passage, aidait les villageois, chantait pour le plaisir des oreilles, contait des histoires aux enfants.

Un jour, alors que la jeune femme répondant au doux prénom de Mylène était en route pour un village, elle croisa sur sa route un potager abandonné ainsi qu'une petite chaumière. Elle décida de s'arrêter quelques temps afin de remettre en état ce lieu qui lui semblait merveilleux.

Ne trouvant personne dans les environs, elle s'installa provisoirement dans la petite bâtisse. Elle dépoussiéra les meubles, nettoya les carreaux, cira le sol, égaya l'intérieur et les bordures de fenêtres avec de belles fleurs colorées fraîchement cueillies dans les bois.

Quant au potager, elle ne savait pas trop quoi y planter. Elle prit donc la décision de le diviser en différentes parties : un côté jardin, un coin légumes d'été et un autre dédié aux légumes d'hiver.

Elle planta donc des racines, des rosiers, d'autres fleurs comme quelques lys et pétunias. Les semaines passaient et Mylène restait là, à s'occuper du petit potager et sa chaumière. Elle en oubliait le temps.

Le printemps, l'été et l'automne passèrent, Mylène restait sur ces terres. En ce début d'hiver, elle papillonnait gaiement dans le parterre de fleurs où les plantes vivaces prenaient place. Le cheval, qui tirait sa roulotte lors de ses voyages, mangeait un ballot de foin un peu plus loin. Elle partit alors s'enfoncer dans la forêt pour découvrir la nature ensommeillée.

Vêtue d'une robe épaisse et d'un long manteau, elle gambadait à travers bois, s'émerveillant à la vue des gibiers. La nouvelle saison la rendait si joyeuse et cet endroit lui plaisait tellement qu'elle songeait à ne plus partir, de peur que le tout soit à nouveau abandonné.

Plongée dans ses pensées, elle suivait un petit sentier de terre. Elle marcha, encore et encore, ne se rendant pas compte que la pénombre tombait et que les températures nocturnes descendaient si fort que le sol se gelait. Elle continua à suivre le chemin et tomba lourdement lorsque son pied se coinça dans une racine. Mylène releva la tête et prit conscience qu'il faisait nuit.

Une lueur bleutée apparût au loin. Intriguée, elle se redressa et alla vers cette clarté. Elle avança jusqu'à ce que cette lumière disparaisse devant une cabane aux allures étranges.

Elle approcha et jeta un œil à travers le petit carreau qu'il y avait. Elle vit une table sur laquelle reposaient quelques victuailles ainsi qu'une bougie allumée. De ce fait, elle supposa qu'il y avait quelqu'un et frappa à la porte.

Cette dernière s'ouvrit dans un léger grincement et une vieille femme apparut.

Cela fait bien longtemps que je t'attendais... Cœur pur...

Mylène ne comprit pas les mots de la dame et pénétra à l'intérieur quand elle en fut invitée.

Prends place à mes côtés et partageons un bon repas. Tu as dû avoir froid, par ce temps glacial.

Oh ! je n'ai pas senti les basses températures à vrai dire...

Bois cette soupe, ma douce enfant...

Mylène buvait lentement le liquide aux oignons. Cela lui semblait si bon qu'elle ne se fit pas prier pour reprendre un deuxième bol.

Mylène...

Comment connaissez-vous mon prénom ? Je ne vous l'ai pas dit pourtant.

Tu es si naïve...

Qui êtes-vous ? demanda Mylène, en se levant précipitamment.

La vieille femme émit un rire grave, devenant presque lugubre. Ses yeux verts devinrent noirs de jais, ses cheveux grisonnants commencèrent à virevolter. Mylène prit peur et se précipita sur la porte. Elle tira de toutes ses forces mais elle ne s'ouvrit pas. Le rire de la vieille s'amplifiait sous la panique de la jeune femme.

Cela ne sert à rien ! Tu es venue à moi, tu ne partiras pas ! gronda une voix sourde.

Mylène hurlait, pleurait à chaudes larmes.

Ton cœur est la bonté à l'état pur... Je vais revivre grâce à ta vie...

La jeune femme écarquilla les yeux d'effroi. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait ni ce qu'on lui voulait.

La sorcière ouvrit les mains et une ombre aussi noire que les ténèbres en jaillit. L'ombre s'approcha de Mylène, un souffle glacial caressa sa peau, la faisant frissonner. Elle se tordit de douleur quand son cœur givra.

La sorcière, quant à elle, retrouva sa splendeur d'antan tandis que la jeune femme s'effondra au sol.

Pour que personne ne la retrouve, son corps fut déposé dans la petite chaumière qu'elle avait entretenue. Elle n'était pas morte, non. Son cœur gelé l'avait plongé dans un sommeil éternel. L'amour ne pouvait la sortir de cet état. Seule la mort de la sorcière le pouvait.

Les semaines passèrent, la neige était tombée abondamment, recouvrant le potager. On pouvait encore le voir par les feuilles de poireaux qui étaient suffisamment hautes.

Un groupe de voleurs passa dans le coin, ils virent le cheval, toujours là. Il semblait abandonné. L'un deux décida de le récupérer puisqu'il n'avait pas de maître.

Hé ! Regardez ! cria un autre jeune voleur. C'est la roulotte de Mylène !

La jeune femme était tellement appréciée que tout le monde la connaissait. Ils tournèrent dans les alentours, ne trouvant personne. Ils regardèrent dans la roulotte mais Mylène n'y était pas.

Et si on rentrait dans la petite maison ? Elle n'a pas l'air occupée et on a besoin de repos après tout.

Tu as raison. Et un petit feu ne nous fera pas de tort.

Ils entrèrent et découvrirent, devant la cheminée, déposée sur une couverture rouge, le corps de Mylène, inerte.

Un voleur s'appelant Max s'approcha d'elle et palpa sa jugulaire.

Les gars... Je crois qu'elle est morte...

Non, intervint Romuald. Elle ne l'est pas.

Romuald, seul sorcier de la bande, avait reconnu la magie et à qui elle appartenait. Il avait déjà rencontré la sorcière qu'il estimait odieuse.

Après de longues explications autour d'un repas, les garçons conclurent qu'ils devaient sauver celle que le peuple aimait.

Ils se mirent en route, excepté Romuald. Ils avaient pour mission de retrouver la sorcière et de la tuer.

Le sorcier n'était pas dérangé par la solitude. Cela faisait plusieurs jours que sa bande était partie alors que lui, il attendait la venue de la sorcière. Parce que oui, il était persuadé qu'elle reviendrait ici, à la chaumière.

Et il eût raison de le penser.

Alors qu'il guettait, tapi dans un coin, la porte en bois grinça légèrement. Le pouvoir piquant de la sorcière le picotait déjà. Elle ne l'avait pas vu, et c'était une aubaine pour lui.

Il sortit de l'ombre silencieusement et lança un sortilège de mort si puissante sur son ennemie, qu'elle s'écroula au sol. Avant de mourir, elle reconnut son assaillant.

Bien joué, apprenti... bien joué... Toi qui pensais que ce que je t'avais appris ne te servirait à rien... Voilà que tu en fais usage... Je suis fière de toi... lui murmura-t-elle.

Je ne suis pas comme toi, Victoria. Après tes millénaires de vies, il est temps de mourir.

La sorcière ria et s'étouffa. Son corps se raidissait petit à petit, elle devenait telle une statue faite de pierre. Romuald donna un dernier sort et Victoria devint un tas de cendres.

Au moment même, Mylène ouvrit les yeux difficilement. Romuald se précipita vers elle, fit apparaître un chocolat chaud et l'aida à se mettre en position assise.

Bois, il faut réchauffer ton cœur, Mylène. Tu es restée bien trop longtemps givrée.

Mylène se rua alors dans les bras du sorcier, heureuse qu'on lui ait sauvé la vie.

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now