Kloedvd

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Froid.

C'est la seule chose qui me vient à l'esprit.

Fuir.

Me cacher.

C'est la première fois que je vois le monde si blanc. Recouvert d'un tapis immaculé.

Dans un autre contexte, j'aurais trouvé ce spectacle si captivant. La nature enfouit dans son manteau de blancheur, si pure si parfaite.

Mais je ne peux m'y attarder.

Dans ma course effrénée, mes pas laissent des traces. Des traces si visibles, dans la perfection de l'hiver.

Je cours, sans m'arrêter. Je fuis devant ces monstres.

Il faut que je me cache n'importe où. Mais les traces derrière moi leurs permettront de me trouver.

Où que je sois ils me tueront.

Il faut que je les prenne de vitesse, que je cours jusqu'à la rivière. Là, il perdrons ma trace. C'est ma seule chance.

Le souffle me manque. Papa m'avait prévenue, les bipèdes aux bras d'acier et de feu nous traquerons, jusqu'au dernier d'entre nous.

Ils ont eu ma mère sous les bourgeons du printemps.

Ils ont eu ma soeur sous les fruits mûrs de l'été.

Ils ont eu mon père sous les feuilles rougies de l'automne.

Ma course s'arrête brusquement.

Ils m'auront dans la première neige de l'hiver.

J'entends leurs chiens se rapprocher de moi, j'entends les cliquetis de leurs étranges bras.

Mes sens sont en éveils.

Je vois une dernière fois les sapins blancs qui m'entourent de toute part.

Je sens une dernière fois les douces odeurs de l'hiver.

J'écoute une dernière fois les écureuils et les lapins fuir aux quatre coins de la forêt.

Je ressens pour la dernière fois la morsure brûlante de la neige autour de mes chevilles.

Je goûte pour la première fois à l'amertume d'être une proie.

Je fais demi tour pour faire face au danger. Je ne suis pas une proie.

Le Froid.

C'est la seule chose qui me vient à l'esprit.

Je ne fuis pas.

Je ne me cache plus.

Les babines retroussées, le poil hérissé.

Je ne veux plus être la proie.

Je ne partirai pas sans me battre.

C'est la première fois que je vois le monde si blanc. Recouvert d'un tapis blanc maculé de sang.

Je me suis battu. J'ai perdu. Je les sens me soulever.

Leur bras de feu ont eux raison de moi.

Les derniers mots que j'entendrai cette nuit: "Ce loup ne fera même pas un bon manteau. Débarrassons nous en."

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now