DiamantCeleste

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Depuis ma plus tendre enfance, on m'a toujours répété que le père Noël et ses acolytes n'existent pas.

J'ai longuement été triste et j'ai mené plusieurs quêtes afin de prouver qu'ils avaient tous tort. Quelques années après, j'en ai conclu qu'ils disaient vrai. Dans les rues, se baladaient des imposteurs ou plutôt des acteurs.

A l'heure d'aujourd'hui, je suis âgée de 34 ans et la période de Noël me rebute au plus haut point. Bon, je ne suis pas un monstre, loin de là. Je ne gâche pas la féerie des fêtes. Non, je préfère rester dans mon coin à observer la déception sur les visages quand ils comprennent que tout ce que l'on leur a raconté depuis des années est totalement faux.

Ma famille me compare au Grinch. Je ne suis pas comme ça, je ne vole pas les cadeaux ruinant les finances des familles pour gâcher leur Noël. Enfin soit. Je suis à tendance rabat-joie, je le sais très bien.

Aujourd'hui, comme chaque jour de l'année, je monte dans ma berline noire et file au centre commercial. Bah oui, je travaille là-bas et en cette période, je prends sur moi pour aller bosser à fin d'avoir mon salaire parce que ce n'est pas Papa Noël qui va me le donner.

Je me gare sur le parking réservé aux personnels. Je descends de ma voiture et regarde autour de moi. Des lumières multicolores clignotent pour ainsi « égayer » les lieux, des sapins avec des petits nœuds blancs et rouges sont déposés dans chaque coin et attachés à chaque poteau. Mais quelle horreur tout de même.

Je ne dis rien et avance dans le bâtiment. Je fais des signes de tête, dis bonjour, papote avec certains pour ensuite me faufiler dans mon bureau. Je referme la porte et pose mon front sur celle-ci. Ouf ! Je reste ainsi quelques instants.

- Vous allez rester comme ça longtemps ?

Je me retourne, effarée par la voix qui vient de résonner dans mon dos. Un jeune homme est assis sur mon bureau. Pour qui il se prend, celui-là ? Habillé de collants rayés verts et rouges, d'une veste verte aux finitions dorées, son chapeau arborant les mêmes couleurs et ses chaussures à grelots, il parait complètement ridicule. Je fronce les sourcils.

- Pour qui vous prenez vous ? Vous auriez pu attendre dehors, comme tout le monde.

Et puis, nous avons tout ce qu'il nous faut pour le centre commercial. Pas besoin de nouveau lutin.

- Je ne suis pas là pour un entretien d'embauche, Mélanie.

- Comment connaissez-vous mon prénom ?

- Tu devrais le savoir.

- Absolument pas. Alors, qui êtes-vous et comment me connaissez-vous ?

- Oh ! désolé, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Gaston, premier homme de main de Santa Claus.

- Vous vous foutez de ma gueule ? Sortez de mon bureau. Tout de suite, dis-je en lui indiquant la sortie.

Alors que je fulmine que cet homme soit dans mon bureau sans invitation, il reste là, tout sourire, à m'observer.

- Souris un peu à la vie, Mélanie ! Tu es devenue très désagréable depuis que tu as découvert que des gens se déguisaient en nous !

- Vous êtes malade, en fait. Je vais appeler la sécurité.

Il rit lorsque je compose le numéro. Quelques instants plus tard, on frappe à la porte.

- Oui, Mademoiselle Andrime ?

- Cet homme ne veut pas sortir de mon bureau.

- Quel homme ?

- Bah celui-là ! Vous ne pouvez pas le louper ! Et vous ! Arrêtez de rire !

- C'est-à- dire qu'il n'y a personne à part vous, Mademoiselle.

Je me pince l'arête du nez et ferme les yeux pendant que l'autre imbécile se bidonne. Non mais c'est pas possible !

L'agent de sécurité parait embêté et s'éclipse. Je referme la porte sous les rires de l'autre lutin.

- Mélanie, tu me feras toujours rire ! Tu n'as pas compris qui je suis ?

- Un emmerdeur ! ça, oui !

Il se lève, s'approche de moi. Je regarde la main qu'il me tend.

- Viens avec moi, Mélanie.

J'observe les traits de son visage. Il est devenu très sérieux et pourrait limite faire peur. Je secoue la tête. Il n'est pas question que je suis ce fou en puissance !

Tout à coup, il m'attrape par la main et ma vision se brouille. Quand je la récupère, je ne reconnais pas l'endroit où je me trouve. Tout est si... horrible.

Des milliers de personnes sont afférées à la peinture de jouets, d'autres à l'assemblage et d'autres encore sont occupés à l'emballage. Mais qu'est-ce que c'est que tout cela...

- Hop hop hop! Arrête de rêvasser, Mélanie! Le grand patron t'attend !

- Le grand patron ?

Gaston me tire par la main et m'amène devant une énorme porte de bois aux décorations des fêtes hivernales. Tout ça, c'est une blague en fait. De très mauvais goût mais je ne vois pas d'autres solutions.

L'homme de main me pousse à l'intérieur d'un énorme bureau.

- Voilà ! Je te la livre comme tu me l'as demandé !

- Merci, Gaston, dit une voix grave mais chaleureuse.

Il sort. Je me retrouve dans la pièce avec quelqu'un que je ne vois pas encore. J'attends un instant puis un personnage aux allures du Père Noël arrive d'une petite salle annexe.

- Comment vas-tu, Mélanie ?

- Où suis-je ? C'est une blague de mauvais goût. J'aimerais rentrer.

- Pourquoi avoir arrêté de croire en nous ? Chaque année, je te vois triste et la magie qui illuminait tes yeux s'éteint de jour en jour.

- Je délire complètement, me murmuré-je.

- Non, tu ne délires pas ! Mélanie... Tu as perdu la flamme qui t'animait depuis que tu n'as jamais trouvé de preuves sur notre existence. Aujourd'hui, je t'en donne ! Je veux revoir cette petite lueur qui brillait dans tes yeux d'enfant.

- Mais...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il pose la paume de sa main sur mon front. Une douce chaleur se propage en moi. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais tout me parait plus beau.

- P... Père Noël ? C'est... vraiment toi ? bégayé-je.

- Bien sûr, ma grande enfant. Et Gaston est réellement mon lutin de main.

- C'est... C'est...

Les larmes me montent, mon cœur se gonfle. Pendant des années, je pensais que tout était une mascarade. Je n'en reviens pas...

- Il est temps pour toi de vivre Noël comme avant. Croies-tu en moi à nouveau maintenant ?

- Je... Je... Oui ! m'écrié-je, tout sourire et plongeant dans les bras du Père Noël.

Son rire réchauffe mon cœur. Gaston apparait dans l'encadrement de la porte.

- Ça y est ! La lumière s'est rallumée ! Il était temps hein, après une vingtaine d'années...

Je saute dans les bras du lutin et je ris. Ma vue se brouille et quand j'ouvre les yeux, je suis dans mon bureau. Une lettre scellée à la cire rouge se trouve devant moi. Je la saisis et l'ouvre.

«Il est plus agréable de te voir sourire. Tout cela était inattendu mais je ne regrette pas. Petite Mélanie, garde foi en moi, en nous. Tu n'as pas besoin de prouver au monde notre existence. Le principal est que toi, tu y croies. »

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now