Concours de Noël 2016

Hedgye

Gaël n'avait pas prévu de faire ce détour par le centre-ville, Noël approchait à grand pas et il n'avait toujours rien trouvé pour son petit frère. Pensant d'abord qu'il aurait le temps, il avait été pris de court le 23 décembre de cours.

Désormais il voguait dans les galeries du magasin à la recherche d'une boutique un peu sympa. Il tomba devant la vitrine d'une librairie, les décorations de Noël se mêlaient avec les peluches, les BD. Il entra, découvrant une petite boutique remplie d'étagère et tables débordants de livres en tout genre.

Il laissa filer son regard sur plusieurs exemplaires, se demandant ce que son frère aurait voulu voir sous le sapin, quand il découvrit qu'une des vendeuses se tenait en équilibre sur un tabouret, essayant de rattacher une guirlande au plafond. Après de maintes reprises la décoration finit par tomber au sol.

– Nom de... Zut flûte de misère ! jura la vendeuse en levant les mains au ciel.

Gaël sourit en l'entendant jurer de cette façon, il était prêt à lui ramasser l'objet maudit au sol quand elle commença à perdre l'équilibre sur son tabouret branlant. En bon gentleman, il se plaça derrière elle le plus rapidement possible et posa ses deux mains dans le bas du dos de la vendeuse.

Quand Audrey réalisa qu'elle n'allait pas tomber, elle se tourna légèrement, découvrant son sauveur. Il lui sourit, c'était bien le premier, elle avait plutôt tendance à entendre des moqueries sur sa maladresse. Elle descendit, rejoignant le jeune homme au sol.

Il était mignon sans ressembler à une star de cinéma mais il avait ce petit truc dans les yeux quand il la regardait qui le rendait très beau. Elle rougit essayant de reprendre ses esprits, c'était un client, il ne fallait pas rêver alors qu'ils étaient surbookés durant les fêtes.

– Je...Je peux vous aider ?

Mince la voilà qui se mettait à bégayer devant son client, elle devait absolument faire preuve de professionnalisme. Etrangement le jeune homme en face d'elle ne se moqua pas, il semblait même captivé par ce qu'elle venait de dire.

– Oui... Oui je recherche quelque chose pour mon petit frère, il a 14 ans.

– Ok...Ok ! Euh je dois avoir une bonne BD par-là, Audrey se tourna vers sa droite pour voir qu'elle s'était trompée.

Elle venait à peine d'entrer dans ce magasin, elle avait encore du mal à se repérer, elle pivota sur elle-même, ses converses crissant sur le sol et indiqua le chemin opposé.

– En fait non, c'est là que je voulais dire.

Et la voilà qui rougissait de nouveau, aussi rouge que le bonnet de Père Noël qu'elle portait. Zut elle avait oublié qu'elle devait avoir l'air ridicule avec ça sur la tête.

Gaël suivit la demoiselle, observant ses courbes, elle n'était pas mince comme toutes ses mannequins, elle était juste bien. Elle lui tendit un livre à la couverture plastifiée.

– En général il plait aux adolescents, vous vous venir avec moi en caisse ?

– Je pense que ce serait malvenu de ma part d'y aller avec votre collègue, blagua Gaël en lui faisant un clin d'œil.

Audrey rougit à nouveau, il était obligé de la mettre mal à l'aise de cette manière ? Elle ne dit rien et bondit derrière sa caisse en prenant le bouquin des mains du jeune homme.

– Vous... Vous avez un fichier client ?

– Non vous avez besoin de mon numéro ?

Nom de dieu il le faisait exprès, elle n'arrivait pas à reprendre son souffle, le voilà qu'il osait lui donner son portable.

– Je veux dire, parfois cela se fait par sms, se rattrapa Gaël en voyant la vendeuse se mord férocement la lèvre inférieure.

– Oui mais non ! Chez nous c'est là sur mon ordinateur !

Elle avait parlé sans reprendre son souffle et cela fit beaucoup rire le jeune homme. Elle se posta devant le pc portable et resta les yeux fixés sur le fond d'écran.

– Cela risque de prendre un peu de temps, je ne voudrais pas vous gêner, fit Gaël.

– Vous ne nous êtes pas fidèle ? provoqua Audrey en commençant à remplir les informations sur son tableau informatique.

– Je pourrais l'être pour vous.

Audrey ne dit rien, sentant son cœur s'emballer au point de sortir de sa poitrine et rouler au fond de la boutique. Elle ne s'était jamais sentie aussi mal à l'aise. Gaël chercha une solution de secours et prit un des portes clefs accroché devant les caisses pour le plus tendre.

– Je prendrais ça aussi mademoiselle, je vous l'offre pour votre sympathie.

Audrey s'exécuta en silence, elle avait la gorge nouée en réalité. Gaël récupéra sa BD soigneusement emballée en souriant. Il avait trouvé la boutique parfaite. Il sourit une dernière fois à la demoiselle et se jura de revenir le plus tôt possible, ses réactions avaient créé en lui un sentiment encore inconnu et il avait hâte de pouvoir le connaitre à nouveau.