Concours de Noël 2016

Volta-Os/Travalia

Le Noël de l'année 2016 était un tournant dans la vie du jeune Bastian, lui qui avait l'habitude de le passer à l'orphelinat. Chaque année depuis sa naissance, douze longues années, il passait son réveillon à regarder par la grande fenêtre de la salle commune. Il espérait qu'à défaut de voir un couple venir l'arracher à cette vie monotone, de cet endroit où il a grandi en rêvant de meilleur, qu'il puisse voir ces blancs et fragiles flocons de neige dont parlent les aînés tomber du ciel. Les plus jeunes n'avaient jamais connu ce spectacle si excitant et magique, beaucoup aimeraient y assister un jour, c'était devenu son rêve secret.

Ce vendredi deux décembre était le dernier jour de visite de la semaine, il faisait froid dehors et tous les enfants jouaient autour du sapin de Noël richement mais maladroitement décoré encadrés par le personnel. Les bureaux des trois gérants accueillaient des adoptants et les enfants choisis trépignaient d'impatience devant les portes closes. Comme à son habitude Bastian se traînait dans les couloirs l'œil éteint, encore une journée harassante où tout le monde tâchait de faire bonne impression pour attirer l'attention d'un couple. Il caressa mollement la tête d'une petite venue lui quémander un câlin et elle repartit tout sourire jouer avec ses camarades, il avait perdu cette innocence d'enfant depuis longtemps.

La période de Noël était la plus épuisante pour tous: il y avait au moins deux fois plus de visites qu'à l'accoutumé. Deux fois plus de visites rimait avec deux fois plus de travail de la part du personnel, deux fois plus de travail de sois dans la part des orphelins, mais aussi -et surtout- deux fois plus de chance d'être adopté. C'est pour cela que personne ne négligeait cette période de l'année, aussi fatigante qu'elle soit. Personne sauf Bastian. Le garçon s'était lassé depuis déjà plusieurs années de toutes ces futilités, personne de le choisirait de toute façon. Il n'était pas le plus vieux mais il détenait le record d'ancienneté, après lui le plus ancien en était à huit ans.

Il avait été abandonné aux portes de l'orphelinat, c'était cliché, mais bien ce qui lui était arrivé. À chaque fois qu'il passait devant un miroir il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il n'était jamais repéré et adopté, il était plutôt mignon -pas selon ses dires, selon ceux des animatrices-. Il avait de courts cheveux chocolat, des yeux d'un beau marron senois avec des reflets dorés, sa peau était halée et il était de bonne taille. Il était doué avec les animaux et savait très bien s'y prendre avec les enfants, quelques soit leur âge. Non vraiment il ne savait pas, ou peut être que son attitude désinvolte décourageait les potentiels adoptants. Ils devaient se dire qu'il ne serait pas un enfant facile, qu'il serait désagréable et qu'ils auraient l'impression de vivre avec un pantin vivant et muet.

Mais il n'en était rien, il était un garçon affectueux qui aimait rire et prendre soin des autres. Il était efficace dans tout ce qu'il entreprenait et avait une imagination assez débordante pour assouvir la soif d'histoires des plus jeunes. Il ne recyclait jamais ses histoires, elles étaient différentes chaque jour qui passaient, il les écrivait à chaque fois dans un cahier pour ne pas les oublier. Il était doué et en était déjà à une vingtaine de cahiers, au fil des années il s'améliorait et avait ses petits fans.

Cependant, ce jour-ci se passa différemment des autres. Tout se transforma lorsqu'un petit rouquin tomba à plat ventre dans sa course et atterrit devant lui en pleurant. L'orphelin se pencha pour le relever doucement, le petit garçon ne devait pas avoir plus de cinq ans. Il avait un visage rond constellé de taches de rousseur et de grands yeux verts. Son visage était inondé de larmes mais il ne semblait pas blessé, il lui ébouriffa sa touffe rousse en souriant.

-Il est parti le vilain bobo... Le rassura-t-il tendrement.

Comme les enfants savent si bien le faire le petit garçon chassa ses larmes pour lui offrir un grand sourire sincère, comme les enfants savent si bien le faire. Bastian a tout de suite vu qu'il n'était pas un enfant de cet établissement, il les connaît tous parfaitement et l'aurait tout de suite reconnu. Il entreprenant alors de partir à la recherche des parents de l'enfant avec lui. Tout s'est alors passé très vite.