Black_Dauntless/Chroonique

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C'était la première fois qu'elle remettait les pieds dans ce café depuis son départ. Il faut dire que c'était la première fois qu'elle revenait à Lille après plus de 4 ans d'absence.

4 ans d'absence et de reconstruction.

En quittant Lille, Hélène pensait pouvoir oublier Antoine, ce garçon dont elle était tombée amoureuse. Hélène était une adolescente brisée quand elle est partie, désormais, c'est une jeune femme pleine de vie, à la démarche assurée et au regard pétillant.

Oui, Hélène s'était reconstruite.

Assise dans cet authentique café lillois, sur son fauteuil moelleux devant un mug de café viennois au caramel, Hélène rêvassait. Elle repensait à ses années lycée, à Antoine et à sa bande de copines. Tout le lycée les appelait les Quatre Fantastiques.

Et elles portaient bien ce surnom. Elles étaient les quatre filles les plus populaires du lycée, les plus belles et les plus admirées.

Hélène, Marie, Mégane et Émilie.

Elles se retrouvaient tous les vendredis après-midis pour le goûter, avec chacune un café au caramel et un muffin aux myrtilles. C'était leur rituel.

La fumée émanant de la tasse formait de la buée sur les lunettes d'Hélène, elle souffla légèrement sur sa boisson avant de poser ses mains sur le récipient brûlant, espérant se réchauffer un peu.

L'air rêveur, la jeune femme fut sortie de sa torpeur par la sonnette de la porte qui tinta.

Les trois anciennes acolytes d'Hélène rentrèrent dans le café et ne repérèrent pas tout de suite leur amie.

Hélène secoua légèrement la main et un sourire illumina le visage des trois jeunes femmes.

Les Quatre Fantastiques avaient gardé contact pendant l'absence d'Hélène et c'était aujourd'hui le jour de leurs retrouvailles.

Les filles s'installèrent autour d'Hélène et commandèrent toutes un café viennois au caramel, comme au bon vieux temps.

Toute l'après midi, elles discutèrent chacune de leurs vies respectives, de leurs études, de leurs amours.

La conversation dévia sur Antoine qui était resté très proche de Mégane et Émilie.

Il était apparemment vaguement sorti avec une fille de sa promo de fac mais rien de bien sérieux. Il avait enchaîné les petites conquêtes sans jamais prendre le temps de se poser avec une réelle petite amie.

Hélène ne réagissait pas, après tout, elle avait oublié Antoine.

Enfin, elle pensait avoir oublié Antoine.

Jusqu'à ce que ce dernier pousse la porte du café, faisant lui aussi tinter la petite cloche.

Hélène sentit venir le coup monté à plein nez lorsque les trois filles se levèrent et invitèrent Antoine à la table d'Hélène.

Les deux anciens amants se faisaient face, sans oser réagir.

Ce fut Antoine qui brisa la glace en se penchant vers la jeune femme et en lui embrassant la joue. Tendrement. Peut être trop tendrement pour ce que ce fusse innocent.

Hélène, encore pantoise, fit un signe à la serveuse pour lui demander deux autres boissons caféinées et proposa à Antoine le fauteuil en face du sien.

Au début, les deux jeunes adultes étaient penauds, timides, presque gênés. Petit à petit, l'ambiance feutrée du lieu aidant, ils se livrèrent l'un à l'autre.

Chacun se racontant des morceaux de vie ou de petites anecdotes.

Néanmoins, Hélène n'écoutait pas grand chose, plongée dans le regard brun de son interlocuteur. Elle l'observait. Elle avait toujours été douée pour observer les gens.

Antoine fourrageait dans sa tignasse brune et pianotait sur le bord de sa tasse, preuve de sa gêne.

" Pourquoi t'es partie il y a quatre ans ? " demanda-t-il de but en blanc.

Hélène manqua de s'étouffer avec son café mais repris ses esprits.

" À cause de toi. " avoua-t-elle a demi mot.

Elle continua.

" J'étais folle de toi. On était proches et je pensais pouvoir tenter quelque chose avec toi. Je peux t'en parler maintenant, y'a prescription je crois. C'est pour ça que je suis partie, pour t'oublier, pour pouvoir commencer un nouveau chapitre. Je pouvais pas supporter de te voir avec une autre fille, c'était trop douloureux. "

Elle pensait pouvoir se livrer mais c'était peut être encore trop tôt. Elle ramassa son sac, mis son manteau et se leva pour prendre congé.

" Hélène, attends ! " dit-il avant qu'elle ne franchisse le seuil du café.

" Je suis désolé, je ne savais pas. Les filles ont du te parler de moi tout à l'heure. Alors c'est à mon tour de me livrer. Sache que si je n'ai jamais voulu me poser avec une fille, c'est que je ne pouvais pas. J'en avais une autre en tête. Une fille qui a disparu pendant quasiment quatre ans. J'imagine que tu as demandé aux filles de ne pas me transmettre de tes nouvelles. C'est réussi. Je n'ai eu aucune info. Jusqu'à la semaine dernière, où elles ont craqué pour me dire que tu revenais. Je ne te demande pas de tomber dans mes bras là tout de suite. Juste qu'on réapprenne à se connaître, qu'on fasse des trucs ensemble et on voit si nous deux ça marche OK ? "

" OK " dit-elle, avec trop d'entrain pour pouvoir cacher sa joie.

" Tu m'as manquée. " avoua-t-il en la serrant dans ses bras.

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now