Khapyphis

Chapitre 10.5 - Hori

Nous avons donc pris des décisions. Enfin, je suis personnellement resté assis sans rien dire, mais disons que j'ai assisté à la prise de décision.

Il s'agit de faire venir— le plus rapidement, sûrement et discrètement possible— les personnes sélectionnées parmi les Rastwys à Khapyphis. Bien entendu, si jamais tout était compromis, nous mettrions les bouts le plus rapidement possible... Vu que tout ce qui nous reste à faire concerne les Rastwys, et qu'en définitive, notre intérêt passera avant eux.

Pas comme si on avait vraiment le choix, de toute façon.

Ensuite, en vitesse, on choisira le meilleur moyen de transmettre certaines de nos connaissances, ces dernières ayant été choisies à l'avance. Toujours en vitesse, on fera embarquer tous les volontaires Rastwys dans le Khonsou, on enverra un message au reste de l'humanité, et on mettra les voiles... ciao la Terre.

Mais je ne suis toujours pas convaincu.

Rien dans ce qu'ils nous ont dit, aucune de leurs explications, ne justifie les précautions entourant Vera. L'interrogatoire ? Classique. Sous bonne garde ? Apparemment ils auraient fait de même avec n'importe lequel des Rastwys sélectionnés. 

Profil santé et mental complet, assorti de l'arrière-plan familial que Vera possède ? Vous me cachez quelque chose.

Mais personne ne me dira rien, et je pense avoir tout essayé, durant les plusieurs heures passées à discuter des évènements à venir.

Plusieurs heures ? Déjà ? Vera doit s'ennuyer à mourir.

C'est à ce moment-là que l'alerte retentit.

J'entends plusieurs personnes grommeler comme si c'était un simple exercice, mais étrangement tous les types travaillant soit aux renseignements soit dans les départements militaires ont blêmi.

Un soldat se ramène en courant pour parler à un gradé, qui l'interpelle avant même qu'il ne se soit arrêté :

— Les Rastwys ?

Il lui crie presque dessus.

— Oui, monsieur, ils semblent s'être décidés à passer à l'action.

— Et ?

— Le groupe qui s'est positionné à la verticale du signal GPS à placé des charges explosives importantes. Ils n'auront aucune peine à perforer la protection des puits et à y descendre.

— Et bien entendu, comme cette zone est située en dehors de Khapyphis, le champ répulseur ne peut pas y être activé.

— Pas parallèlement à la surface, non, mais à partir des puits, ils n'atteindront pas la cité grâce à ce même champ. Ils seront bloqués dessous la surface, à l'extérieur.

— Bon, on attend leur prochaine action avant de décider si on les laisse faire ou pas. Les autres ?

— Ils... Ils ont commencé à s'affronter. Un groupe, qui se trouve directement au-dessus de Khapyphis, va lancer une foreuse, verticalement.

— Elle traversera la zone de Nehkoris ?

— En plein dedans.

— Il ne va probablement pas s'arrêter à la foreuse.

— J'en doute, monsieur.

— D'accord pour eux, mais le reste ? Ils ont réellement commencé à s'affronter ?

— Les forces militaires égyptiennes, sans réponse des centaines de personnes qui se trouvent sur leur territoire, armées, et sans autorisation, vont lancer des frappes aériennes. Quant aux groupes eux-mêmes, ils se sont engagés dans une bataille pour la domination de la zone et ils ne semblent pas avoir remarqué que des... fouilles étaient imminentes. La plupart agissent seuls ou n'ont actuellement pas de soutien direct, sauf un qui reçoit du matériel d'un gouvernement voisin... Ce qui n'est pas bon.

— Ça, je m'en doute bien. Comment ils ont livré leur matériel ? Par avion ?

— Une cyber attaque a désactivé les radars proches, ouvrant un couloir aérien.

— Donc c'est réellement une sorte de déclaration de guerre ?

— Heu, oui, je pense que l'on peut voir les choses sous cet angle là, monsieur.

Son interlocuteur semble terriblement las.

— C'est réellement des malades.

— Ils semblent porter une très grande importance à nos secrets, remarque un autre gars.

Sans rire ? Tu crois ?

Le militaire soupire :

— Je me demande quelles saloperies ils inventeront quand ils verront que nous et tous nos secrets partons pour l'espace.

Je pense que vu les extrémités auxquelles ils sont déjà arrivés—sans avoir encore rien découvert de concret— on se le demande tous.