Chapitre 21 - Hori

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Merde !

Djar !

Je lis dans le regard de Kémès qu'elle pense exactement la même chose que moi. Elle s'empresse de rétablir l'appareil, mais n'arrive pas à trouver un point d'atterrissage convenable : plusieurs mètres de sable et de poussière en suspension empêchent de voir quoi que ce soit au sol.

— Tant pis, je vais me poser au hasard. Hori... Ça ne m'a pas l'air d'être une bombe nucléaire. Ça y ressemblait, mais les dégâts ne correspondent pas. L'explosion initiale devait juste être un vecteur, elle a été suivie de gigantesques décharges d'énergie.

— Une nouvelle arme ? Dans quel but ?

— Probablement nettoyer la zone de toutes les forces armées, sans faire trop de dégâts à la zone elle-même. Bon, j'y suis, sois prêt à sortir, et surtout, rappelle-toi de faire vite !

— Je sais. J'y vais.

Je cours à l'arrière, vers la porte. Pas question d'ouvrir la soute. Au passage, je m'assure que Vera et Laure vont bien, j'enfile mon casque et j'active mon micro.

Le Haw ne touche pas le sol, mais son répulseur le freine brutalement.

J'entends le son de déverrouillage de la porte.

— Hori, vas-y !

Dans un mouvement fluide, je sors et referme derrière moi.

Je ne vois rien, et des souvenirs de la tempête de sable me reviennent en mémoire.

Sous mes pieds, je sens que le sol est brûlant. Mon répulseur personnel est d'ailleurs très sollicité.

Kémès couple alors les puissants détecteurs du Haw sur mon Ishyk. Aussitôt, à travers la visière de mon casque de combat, je vois les principales sources de chaleur à proximité. Le point d'impact de la bombe est d'une intensité douloureuse. Le sol, lui, est constant.

Je m'éloigne légèrement du Haw, qui se détache lui aussi du reste, mais pas très fortement. Ses protections ont fait leur travail.

La voiture, quant à elle, pourrait tout aussi bien brûler.

Il ne m'a pas semblé, en survolant la zone quelques minutes auparavant, y voir beaucoup d'obstacles. Je m'élance donc vers le point lumineux.


En arrivant, la première chose qui me frappe, c'est qu'elle est en miette, la voiture. Je sais bien que l'onde de choc a été extrêmement violente. Mais vu les traces, elle a parcouru des dizaines de mètres en rebondissant plusieurs fois.

— Kémès, tu m'entends ?

Un crissement, puis :

— Oui.

— La voiture est vide, ils ont dû être éjectés.

Un soupir. Je la vois presque se prendre la tête entre les mains.

— Je vais essayer de les trouver... Le plus rapidement possible.

Je suis les débris, les marques. Et au bout d'une vingtaine de mètres, deux lueurs apparaissent graduellement sur mon écran. Deux humains. Au sol.

— Par Horus...

Je cours vers eux. Je me rapproche.

Je m'agenouille auprès du premier corps.

Lisa.

Si j'avais le moindre espoir, il est anéanti. Les parties de sa peau les moins affectées sont brûlées au troisième degré. Sa tête forme un angle impossible avec son torse.

Elle est morte.

Je ne dois pas m'attarder. Je me remets debout et sens le champ protecteur de l'Ishyk grésiller tandis qu'il repousse chaleur, sable et radiations légères.

Je cours vers Djar.

Salement touché, lui aussi. Ses sourcils ont cramé. J'imagine que son Ishyk, absorbant la majeure partie de la chaleur et des ondes, n'a rien pu faire contre la voiture, qui lui est passée dessus. Il a des fractures ouvertes.

Mais il est vivant. Son cœur bat.

Je ne peux pas le transporter jusqu'au Haw, pas sans le blesser.

— Kémès... Il faut que tu viennes jusqu'ici.

Le sifflement du chasseur se fait entendre alors qu'elle manœuvre pour se rapprocher, couvrant le grondement constant du vent.

Quinze secondes plus tard, le Haw se pose à côté de moi, la soute s'ouvre.

Soulevant Djar dans mes bras le plus délicatement possible, j'avance vers l'ouverture.

Je dépose mon ami sur le sol, et au moment où je suis moi-même sur le plancher, les vantaux se referment dans un claquement.

Vera et Laure me regardent, horrifiées.

Je n'ai absolument pas le temps de m'en occuper. Je sais que Vera va tirer, d'ici deux secondes, les conclusions qui s'imposent. Et je ne sais pas comment elle réagira.

Le Haw décolle à une vitesse fantastique, avec comme seul but de rallier Khapyphis le plus vite possible.

Et c'est tout ce qui m'importe.

KhapyphisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant