Chapitre 14.3 - Vera

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Oui, enfin... « délivrer » est un bien grand mot. Nous sommes sortis de ma cellule, et avons tout juste eu le temps de faire trois pas dans le couloir que, déjà, Hori m'a plaqué contre une porte. J'ignore comment il est parvenu jusqu'à moi, mais le bruit qui se rapproche indique que les renforts sont conséquents.

Dans d'autres circonstances, je dirais que nous sommes fichus. Mais je n'oublie pas avec qui je suis. Un regard furtif dans sa direction et me voilà confiante. Hori a cette petite étincelle dans les yeux, celle qui m'indique qu'il analyse la situation dans tous les moindres détails. S'il y a des solutions, il les a déjà épluchées au peigne extra fin.

Je me tiens prête à le suivre. Et il le sait. Plus besoin de communiquer. Il faut croire que certains réflexes se sont créés entre nous, mine de rien.

— Soyez vigilants ! beugle un des soldats en approche. Le fugitif est armé !

— Il est blessé, il n'ira pas bien loin, braille un autre.

— Il ne partira pas sans la fille. S'il tente quoi que ce soit, ciblez-la-elle.

Ce dernier avertissement ne faisait pas partie de la liste de choses à dire pour me rassurer. Cependant, la main de Hori qui vient subitement presser la mienne, nettement plus. Et maintenant je sais qu'à son signal, je devrais le suivre en imitant ses mouvements.

Et c'est là que le premier type pointe son nez. Enfin, il a essayé du moins. Même pas le temps de voir son visage que Hori l'a déjà assommé, lui et ses trois camarades. Pendant que six ou sept autres soldats se ruent sur mon geôlier, j'improvise une sorte de diversion en récupérant des armes sur les premières victimes évanouies.

En un rien de temps j'en ai lancé deux à Hori et me sert d'une pour me défendre.

Si les gars en face de nous avaient la moindre idée de ce dont je suis capable avec une arme... Ils ne prendraient pas la peine de me craindre. J'admets ne pas même savoir comment ôter la sécurité. Ni même s'il y en a une. Mais mon regard meurtrier doit les convaincre. Après tout, je ne fais qu'imiter Hori. Même si je suis loin de l'égaler. À la place de la dizaine de soldats qui nous braquent leurs armes dessus, je me rendrais directement rien qu'en croisant son regard.

— Voilà ce qu'on va faire, commence très sereinement Hori. Deux options au choix. Soit vous nous laissez sortir d'ici, soit vous nous en empêchez. Dans tous les cas, nous sortirons tous les deux sains et sauf. Je vous laisse deviner l'option qui impliquerait la réciproque. Puis les conséquences de l'autre.

En guise de réponse, un des soldats qui braquait son arme sur moi a tiré. C'est ce que j'ai conclu une fois que je me suis retrouvée à terre en une fraction de seconde. Et maintenant que l'effet de surprise est passé, ainsi que le brouhaha des multiples échanges de tirs, je relève la tête.

Je n'en reviens pas. Il n'en reste plus que trois debout. Je serais à leur place, je ne tiendrais pas plus de cinq secondes. Mais ces gaillards restent plantés là, stoïques, prenant tous Hori pour unique cible. S'ils ne tremblaient pas autant, on pourrait croire qu'ils sont de taille à affronter un Khapy. Mais là, c'en est presque risible tant ils peinent à stabiliser leurs armes.

— Très mauvais choix, soupire Hori, dépité. Avoir recours à autant de violence n'est pas dans nos habitudes. Mais voilà, ceux qui ont tiré en premier sont devant vous. Tous morts. Il n'en tient qu'à vous de les rejoindre à terre. Mais j'ose espérer que des soldats avertis fassent meilleur usage des choix qui s'offrent à eux.

— Si on vous laisse sortir, vous ne nous ferez aucun mal ? interroge le plus gringalet des gars.

Il est terrifié le pauvre. Il me tirerait dessus que j'aurais encore pitié de lui.

KhapyphisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant