C'est là que je les entends arriver en masse. Je ne vois rien, mais je devine qu'ils sont au moins une trentaine de soldats à nos trousses. Puis un silence s'installe péniblement. Je retiens mon souffle par peur de me faire repérer. Et j'entends :
— Où sont-ils ?
C'est le grand soldat qui répond, avec une assurance insoupçonnée :
— Je suis désolé. Le prisonnier nous a pris tous les deux en otage. On n'a rien pu faire, on ne voulait pas y laisser notre peau.
— Où sont-ils ? hurle un soldat que je devine être le chef.
— Ils ont désamorcé le système de sécurité en faisant je ne sais pas trop quoi avec cette poignée et en enfonçant le mur à des endroits stratégiques. Puis ils ont réussi à passer dans ce conduit.
— Dans ce trou ? vocifère le chef. Mais il est minuscule !
— C'est pour ça que nous n'avons pas réussi à les suivre, s'excuse le grand soldat. Mais ils ne doivent pas être bien loin. Ces conduits ne doivent probablement pas mener vers l'extérieur.
S'ensuit une longue série d'ordres donnés par le chef à divers groupes. Il divise les recherches, rien de plus normal. Cependant ce qui m'intéresse davantage, c'est l'ordre qui consiste à vérifier si les systèmes de sécurité sont toujours opérationnels. C'est donc là que je me rends compte de tout le génie du plan à Hori.
Ces abrutis vont ouvrir les rideaux métalliques de leur plein gré. Et les soldats nous chercheront partout, sauf là où nous nous trouvons réellement. En gros, la carte sortie de prison nous est offerte sur un plateau d'argent, sans avoir besoin de passer par la case départ.
Finalement Hori mériterait bien que je lui fasse sa lessive jusqu'à la fin de ma vie. Cette dernière pensée me fait sourire. Un rictus inattendu qui s'accroît lorsque j'entends les soldats s'éloigner, et les rideaux se lever.
J'attends toujours le signal de Hori pour sortir de mon carton.
Ça commence à faire long maintenant.
Bien trop long.
J'en ai marre d'attendre. Et s'il était arrivé quelque chose à Hori ? Et s'il avait besoin de moi ? Cette hypothèse me fait à moitié rire. Comme si Hori pouvait un jour avoir besoin de moi pour survivre !
J'ai toutefois toujours mon arme avec moi. Je sors la tête de ma cachette et me protège en braquant mon arme devant, comme ils le font tous dans les films.
Je scrute les alentours.
Personne.
Alors je décide de descendre lentement de ma mezzanine. J'entends des voix en bas, mais elles résonnent au loin. À priori, la voie est libre pour me frayer un chemin.
J'y vais.
Je déambule de rayons de carton en rayons de conserves. J'ai repéré un petit local de surveillance vide. Si ça se trouve, il y aura des écrans qui m'indiqueront où Hori se trouve, grâce aux caméras de surveillance.
Je ne risque pas de me faire repérer avec ce bruit de ventilation qui perdure. Je reste néanmoins accroupie pour accéder au local. Je suis relativement confiante.
J'aurais sans doute dû me méfier davantage. J'ai à peine franchi l'entrée du local qu'un soldat me surprend par derrière. Il m'attrape avec une force inouïe.
Impossible de me débattre.
J'évite de crier pour ne pas aggraver mon cas. J'attends donc qu'il me stabilise dans un coin pour lui pointer mon arme sur le crâne. J'ai vu comment ils faisaient, dans les films. Ça devrait le faire !

VOUS LISEZ
Khapyphis
Science FictionÉgypte, 2020. Une petite équipe d'archéologues, guidée par l'intuition de Vera Perez - une jeune femme au passé trouble - fait une découverte extraordinaire qui pourrait mener l'humanité toute entière à une nouvelle aube... ou la conduire à sa pert...