Je suis, on peut le dire, un athlète.
En pleine forme, avec l'Ishyk, je dois pouvoir courir à plus de cinquante kilomètres par heure.
Je ne suis pas en pleine forme.
Un minigun peut tirer quatre mille coups par minute.
Donc plus de cinquante balles à la seconde.
Même si ce salopard vise mal, il a peu de chance de me rater. Et je les sens déjà, les impacts. L'Ishyk ne tiendra pas. Les balles sont des balles standard, mais il y a des limites à tout.
Qu'importe le nombre de crochets que je fais, d'une seconde à l'autre les balles me transformeront en passoire. En plus, ils ont probablement oublié d'être cons avec ça, et ils doivent bien voir que la moitié de mon corps est couverte de mon propre sang et que je ne suis pas un messager divin intouchable.
La seule option jouable à court terme, c'est de descendre. Dans la rue. Ça valait bien la peine de monter, tiens.
Par contre, ça ne sera pas jouable sur le long terme. Alors je fais quoi ? J'essaye de sauter sur l'hélico ? Ça passe pas. Ces vaches sont trop loin.
Interrompant mes réflexions, un Shawaxy vient soudainement se placer en vol stationnaire à cent mètres en face de moi, sur la même alignée de bâtiment.
Pas le temps de réfléchir, cours !
Fini les tentatives pour échapper au faisceau mortel, je trace vers ce qui semble être mon salut. En priant pour ne pas être mort avant d'y arriver.
Une grande silhouette descend de l'engin et atterri tout en souplesse sur le toit.
Une silhouette que je reconnaîtrais n'importe où.
Djar. Par Horus.
Djar avec dans les bras une arme cracheuse de mort à faire pâlir de jalousie tous les petits sadiques du coin.
Préparez-vous, mes chers Rastwys. Ce qui va suivre, vous n'osez même pas l'imaginer dans vos rêves les plus fous.
Je me jette au sol dans une longue glissade tandis que Djar épaule son railgun.
Boum.
L'hélicoptère explose, purement et simplement, transpercé par le projectile se déplaçant à plus de cinq mille mètres par seconde.
Djar se décale. Épaule à nouveau.
Boum.
Un véhicule blindé, dans la rue, se transforme en boule de feu tandis que le sol en dessous devient un cratère et que des débris pleuvent à plusieurs centaines de mètres.
Djar vise.
Un mercenaire sur un toit, à plus d'un demi-kilomètre de là, est coupé en deux.
Je perds connaissance.
Je me réveille assez rapidement, finalement. Moins de trois secondes plus tard. Djar me soulève et me pose dans le siège avant du Shawaxy de combat en m'interrogeant :
— Lisa est en bas ?
— Dans... Dans la voiture. Elle y était quand je suis parti. Ils nous ont pris en sandwich... Et ils m'ont allumé, un sale truc. Gaffe, Djar. Ils utilisent des munitions anti-Ishyk...
— Ne t'inquiète pas pour moi, Hori. Ramène-toi bien gentiment à la base, on se tire bientôt. Et pas de folies, hein.
— Tu me connais. Je fais jamais de folies.
Je lui serre l'avant-bras. Il me fait un grand sourire.
Le Shawaxy bouge doucement à l'horizontale, avant de s'élever, en mode automatique. Retour à Khapyphis.
Je vois Djar passer son arme en bandoulière, se saisir de son khépesh et longer le bord du toit pour trouver un point de chute, avant que le ciel n'emplisse tout mon champ de vision.
Direction Khahpyhis. Retour à la base.
On se tire bientôt.
Vera.
Je sombre.

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Khapyphis
Fiksi IlmiahÉgypte, 2020. Une petite équipe d'archéologues, guidée par l'intuition de Vera Perez - une jeune femme au passé trouble - fait une découverte extraordinaire qui pourrait mener l'humanité toute entière à une nouvelle aube... ou la conduire à sa pert...